Vivre chez des habitants dans un pays étranger, apprendre des techniques agricoles et explorer une région rurale. Ce sont 3 avantages parmi d’autres qu’offre le WWOOFing (World Wide Opportunity on Organic Farming). Ce mode de séjour alternatif est adapté aux voyageurs en solo qui partent pour une longue durée.
C’est exactement dans cette optique-là que je suis parti un mois en Israël. J’ai consacré les deux dernières semaines du voyage à travailler comme volontaire chez des apiculteurs à la campagne. Voici comment j’ai organisé mon séjour et quelques-unes des apprentissages, découvertes et rencontres que j’ai faits.
Pourquoi faire du WWOOFing ?
Le WWOOFing consiste à travailler dans une ferme sans percevoir de rémunération mais en étant nourri et logé. Aux origines du mouvement, les exploitations d’accueil étaient uniquement biologiques. Aujourd’hui, il est aussi possible de WWOOFer dans des structures non-biologiques.
Lorsque j’ai organisé mon voyage, j’ai cherché à limiter mes frais, étant donné qu’Israël est l’un des pays les plus chers au monde. Je voulais partir pendant plusieurs semaines pour profiter de mon voyage.
Par ailleurs, je souhaitais vivre chez des habitants. Moi qui n’ai aucun lien avec Israël ni avec la religion juive, je voulais assouvir ma curiosité pour les cultures étrangères. De plus, j’apprends l’hébreu. Quoi de mieux que de séjourner chez des Israéliens juifs dans une région rurale pour améliorer mon niveau ?
Jérusalem la religieuse et Tel Aviv la fêtarde m’attiraient, mais elles ne sont qu’une partie du pays. Je voulais visiter une région différente, de préférence rurale, pour avoir un autre angle de vue. Je me suis dit que le WWOOFing était idéal pour cela.
Une organisation qui demande de la patience
Trouver une ferme était la première étape. J’ai compris que je devais pour cela me rendre sur le site de l’association WWOOF nationale. En voyant le design du site Internet de WWOOF Israël qui m’a paru daté du début des années 2000, je me suis demandé si c’était bien le site officiel de l’association. Je n’en ai pas trouvé d’autres. Cela devait donc bien être celui-ci.
L’adhésion à WWOOF Israël m’a coûté 160 shekels, soit environ 40 €. En devenant adhérent, j’ai obtenu l’accès à la liste des fermes du réseau.
3 mois avant mon départ, mes recherches d’une ferme dans la région qui m’attirait le plus, le désert du Néguev, commençaient. Son caractère isolé, à l’écart de la civilisation, m’attirait. De plus, mon guide de voyage indiquait que plusieurs sites naturels et historiques fascinants se trouvaient dans la région.
Après avoir filtré la liste des fermes, j’en trouvai une qui m’attirait. Située dans un petit village, ses propriétaires élèvent des chèvres. La fiche descriptive détaillée de la ferme me donnait un bon aperçu de ce qui m’attendait là-bas. J’ai appris, entre autres, quel était le régime alimentaire et la confession de mes potentiels futurs hôtes ainsi que le type de logement qu’ils proposaient. J’ai aussi parcouru les témoignages d’anciens volontaires, tous ravis de leur expérience. Après avoir contacté la ferme plusieurs fois, sans réponse, je ressentis de la déception. Comment se fait-il qu’un endroit listé sur le site officiel WWOOF national ne réponde pas à mes demandes ? Un mois plus tard, je contactai une autre ferme située dans la même région, toujours sans succès.
Je devais accélérer mes démarches pour trouver un hôte avant mon départ. J’élargis mes recherches à d’autres régions. Peu m’importaient le type d’exploitation et les conditions de logement. Vivre dans une zone rurale chez des habitants accueillants était le plus important. Enfin, un producteur d’olives me répondit. Celui-ci refusa ma demande car mes dates de séjour voulues ne correspondaient pas à la saison de la récolte.
En consultant les avis laissés par les anciens volontaires sur des fermes et leurs hôtes, je remarquai que la plupart dataient d’il y a plusieurs années. Est-ce qu’ils accueillent encore des volontaires ? Je n’avais aucun moyen de le savoir. Je me suis aussi demandé à quoi bon avoir adhéré à WWOOF. Lassé de ne pas recevoir de réponse, je contactai un grand nombre de fermes, en adaptant légèrement mon message pour chacune.
Un mois avant mon départ, je reçus une notification m’annonçant une réponse positive. En lisant la description de mes hôtes, qui vivent dans le nord du pays, je fus émerveillé. Tout d’abord, parce que ce sont des apiculteurs et que je ne connaissais rien à ce domaine. Ensuite, parce qu’ils gèrent aussi un centre de retraites visant à recréer les conditions de vie des gens aux temps de la Bible. Leur description de la région montagneuse de Galilée que je ne connaissais pas me donna envie d’y séjourner. Une information sur leur fiche retint mon attention : leur religion est le “judaïsme traditionnel”. Je me suis demandé ce que cela voulait dire. Pour en savoir plus, je lus les commentaires des précédents volontaires. Tous avaient vécu une expérience positive et recommandaient leurs hôtes. Mes hôtes confirmèrent que les dates proposées leur convenaient. J’étais soulagé d’avoir trouvé un lieu où WWOOFer après tant de contacts restés sans réponse.
Mon séjour : des échanges, des apprentissages et des efforts
J’étais prêt pour ma 1ère expérience de WWOOFing. Il me tardait de rencontrer mes hôtes, qui avaient l’air accueillants, même si je n’avais échangé avec eux que par e-mails.
De la modernité à la ruralité
Je pars de Tel Aviv un lundi en fin de matinée. Dans le train qui longe la côte méditerranéenne et remonte vers le nord, j’admire la mer d’un bleu turquoise au bord de la plage. En regardant au large, je remarque qu’il devient foncé.
Sur le trottoir de la gare de Karmiel où j’attends le minibus qui va me mener à ma destination, le village de Michmanim, le calme règne. Ici, il n’y a pas l’agitation permanente des deux grandes villes où je viens de séjourner. Sur la route qui monte jusqu’au village, je perçois les montagnes au loin. Des deux côtés de la route, j’admire les nombreux arbustes répartis sur le sol rocailleux.
À l’adresse de mes hôtes, il y a une maison cachée derrière un grand jardin. Je sonne, mais personne ne m’ouvre. Après avoir appelé Roni, mon hôte, j’apprends qu’elle et son mari Roki n’arriveront que le soir à la maison. Je vois alors un jeune homme ouvrir la porte et m’accueillir en hébreu. Il ne parle pas anglais et est content lorsque je lui dis que je sais dire quelques mots dans sa langue. Raz, qui travaille chez mes hôtes, me montre ma chambre. Il semble que je serai le seul volontaire pendant mon séjour. Il me présente ensuite la cuisine, où se trouve un immense frigo plein à craquer dans lequel je peux me servir autant que je veux.
Je vais à l’arrière de la maison. Assis sur un canapé en bois, devant une balançoire accrochée à un olivier, j’admire les arbres et, au loin, les moyennes montagnes. Ce décor à la fois sec et vert m’émerveille.
Je vois un homme arriver devant le portillon du jardin. Raz étant rentré là où il vit, une yourte dans le jardin, je vais à la rencontre de l’inconnu. Celui-ci me dit quelque chose en hébreu et je réponds que je ne le comprends pas. Il ne parle pas anglais et demande où sont Roki et Roni. Je lui fais comprendre que les propriétaires ne sont pas là. Cela me plaît d’être dans une région rurale dont les habitants sont moins occidentalisés qu’à Tel Aviv, où presque tout le monde parle anglais.
À la rencontre des abeilles
Le lendemain matin, je fais connaissance avec mes hôtes, un couple d’une soixantaine d’années. Dès mes premiers échanges avec eux, je me sens comme un membre de leur famille. Pendant le petit-déjeuner copieux, ils m’expliquent que les journées de travail commencent à 8h30 et finissent vers 15h30.
Roki, l’apiculteur, et Raz vont s’occuper des ruches aujourd’hui. Je monte avec eux dans le camion et apprends qu’elles sont éparpillées à plusieurs endroits de Galilée. Sur la route, j’admire les champs d’oliviers et les montagnes couvertes de verdure. Les chansons israéliennes qui sortent de l’enceinte nous détendent. Cette musique doit être célèbre, puisqu’à la fois Roki et Raz, qui ont une grande différence d’âge, fredonnent.
Mon hôte partage avec moi ses connaissances sur l’apiculture et sur Israël. Il me dit qu’il est moins cher d’importer le miel que de le produire en Israël, ce qui explique que 50 % du miel consommé dans le pays provient de l’import. Cependant, le gouvernement a besoin des apiculteurs dont les abeilles pollinisent les arbres fruitiers si importants à l’économie israélienne. Les politiques cherchent donc un équilibre entre protéger les apiculteurs locaux et soutenir l’import de miel.
Nous arrivons à un champ où nous devons tondre la végétation qui entoure les ruches pour éviter que des incendies les détruisent. Sous une chaleur déjà forte en ce milieu de matinée, j’arrache les plantes avec une bêche. Ce travail est fatigant. Je sue sous le sweat que j’ai enfilé pour me protéger des piqûres d’abeilles aux bras. Cependant, j’apprécie le décor naturel sublime.
Nous remontons dans le camion. Roki ouvre un tupperware rempli de poivrons, tomates et céleri crus : notre déjeuner. J’apprécie l’atmosphère détendue et admire le cadre qui nous entoure. Celui-ci change lorsque la route se dirige vers la montagne. Nous arrivons là où se trouvent d’autres ruches. Roki espère qu’elles ont produit suffisamment de miel pour qu’on les ramène à la maison. Vêtu d’un chapeau doté d’une protection pour la tête, j’ouvre les ruches après que Roki ait vaporisé de la fumée pour détendre les abeilles. En tee-shirt et sans aucune protection, il inspecte le contenu des boîtes. Sa décontraction m’impressionne, car il se trouve au milieu d’un nuage d’abeilles bruyant. Il me fait part de sa déception : les ruches contiennent moins de miel qu’espéré. Soudain, je l’entends dire que la reine a disparu. Je me demande comment il va la retrouver parmi des milliers d’abeilles. Cependant, il y arrive, après quelques minutes. Il me la montre puis la met dans le compartiment de la ruche adapté. C’est vrai qu’elle est plus grande que les autres.
Alors que je charge une ruche sur le camion, je ressens une douleur forte mais brève à la main et vois un dard noir enfoncé dans ma peau. Raz me tend les gants, mais Roki me prévient que j’aurais du mal à manipuler les ruches avec. Je décide de suivre son conseil. Quelques minutes plus tard, je me fais à nouveau piquer. J’ai la tête qui tourne mais ne fais pas d’allergie.
Tout en ouvrant puis refermant les ruches, je me demande quand la 3ème piqûre va se produire. Être entouré d’abeilles en attendant de se faire piquer est une sensation désagréable. Comment Roki fait-il pour éviter les piqûres ? Il me dit qu’il ne remarque même plus quand cela se produit.
“Yallah !” (“on y va” en arabe) Sur le chemin du retour, Roki m’apprend un dicton juif, qui dit qu’il ne faut pas s’extasier lorsqu’une bonne nouvelle arrive, ni se lamenter lorsqu’on apprend une mauvaise nouvelle. Il suit cette philosophie et ne se désole pas de ne pas avoir récupéré autant de miel que prévu. Partager des moments avec des personnes d’une soixantaine d’années me plaît car je n’en ai pas souvent l’occasion. De plus, la philosophie de vie de mes hôtes m’inspire. J’admire le fait qu’ils passent beaucoup de temps dans la nature et qu’ils exercent encore une activité, physique qui plus est. La plupart des gens de leur âge sont déjà à la retraite.
Des rencontres variées : un des principaux attraits du WWOOFing
Le lendemain, le travail au centre de retraites, que tout le monde ici appelle shetach, commence. Après 5 minutes de marche depuis la maison, je pénètre dans les lieux. L’atmosphère hors du temps, le caractère accueillant et la végétation m’enchantent. L’endroit me fait penser à un jardin d’Eden. En compagnie de deux employées israéliennes d’une vingtaine d’années, je nettoie le parking et vide les poubelles. Je peux échanger avec elles car elles parlent anglais.
Le midi, dans la cuisine, mes hôtes m’invitent à déguster les falafels et le houmous qu’ils sont en train de manger. Je me dis que la convivialité, en particulier pendant les repas, est importante dans la culture du pays. L’après-midi, je fais du rangement et du nettoyage au shetach. Tout en faisant ces tâches, je ressens une forte chaleur contre ma peau mais je profite du cadre naturel.
Un matin à 7h, je fais une promenade avec Roki, comme il me l’a proposé la veille. Le chemin rocailleux s’éloigne du village et passe au milieu des petits arbustes et des oliviers. Ce cadre me fait penser à la Provence et à l’Andalousie. J’admire la terre ocre et la végétation verte. Je perçois les senteurs épicées délicieuses venant des plantes. Tout en marchant, Roki parle de son pays et me pose des questions sur la France. J’apprends qu’Israël ne dépend pas des eaux de pluie. Ils désalinisent l’eau de la mer méditerranée et récupèrent puis traitent les eaux usées des maisons pour irriguer les cultures. Par ailleurs, il me dit qu’en Israël, une grande partie des terres appartiennent à l’Etat, auquel de nombreux particuliers et des agriculteurs payent un loyer. Ainsi, le gouvernement peut garder le contrôle sur le territoire. J’admire les montagnes de Basse-Galilée qui forment un tapis plissé. Roki m’explique que les petites villes situées là-bas sont peuplées de musulmans. Aucun Juif, ou presque, n’y vit. Je me dis que Roki accueille des volontaires plus pour faire des rencontres avec des étrangers que pour avoir accès à de la main-d’œuvre gratuite. C’est aussi un moyen pour lui et Roni de voyager tout en restant chez eux.
Ensuite, je vais au shetach, où les jeunes filles me présentent les tâches de la journée. Il faut nettoyer une grande tente. Lorsque je rentre dedans, je remarque que le sol ressemble à des tapis et me crois dans une tente de Bédouins. La chaleur est difficilement supportable. J’allume un ventilateur et commence à balayer. Je me force à boire régulièrement. Le reste de la matinée est consacré au nettoyage de tables et de bancs.
L’après-midi, une des jeunes employées israéliennes me demande de l’aider à transporter des équipements et à vider les poubelles. Elle vient de Karmiel et aime son cadre de vie, qu’elle préfère à la ville. Elle m’apprend que les jeunes Israéliens peuvent faire un service civique, au lieu du service militaire de 3 ans. C’est ce qu’elle a choisi.
Un matin, lorsque j’arrive au centre, je vois une dizaine d’hommes juifs prier près de l’entrée. Sans faire de bruit, j’appelle Roni pour connaître les tâches de la journée. Mon hôte me dit d’attendre une employée. Cette dernière arrive peu après et m’explique le travail à faire. Je nettoie les tables et les chaises où le groupe a dîné la veille. Lorsque je les vois à nouveau, en train de préparer un repas dans la cuisine, je les aborde. Ils sont israéliens et viennent d’Ukraine et de Russie. La plupart vivent dans le pays depuis quelques mois, à la suite de la guerre. Leur groupe, qui étudie à Haïfa, est en vacances pour une journée. Ils pensaient que je vivais ici et que j’avais fait mon aliyah (l’expatriation des Juifs en Israël) !
Alors que je fais du rangement, l’un deux vient me voir et me propose de manger avec eux. Je rejoins les hommes assis autour d’une longue table placée sous une toile qui m’accueillent chaleureusement. Tout en dégustant des plats israéliens, j’écoute mon voisin parler de son expatriation. Originaire de Kiev, il a immigré en Israël il y a 8 mois, mais voulait faire son aliyah depuis longtemps.
“Aimes-tu la vie en Israël ?”
Pour seule réponse, il me montre du doigt les montagnes magnifiques de Galilée tout en souriant.
Le vendredi, je suis ravi de faire mon premier dîner du shabbat. La préparation du repas commence au milieu de l’après-midi. Je me joins à Roni, qui m’a proposé de l’aider. Des légumes cuisent à petit feu dans plusieurs poêles et casseroles remplies.
Une fois le repas prêt, j’observe la cérémonie. Roki lit une prière sur un petit livre à la couverture finement décorée, puis nous buvons tour à tour une gorgée de vin et du pain avec du sel. “Shabbat Shalom !” Nous commençons à manger. Je comprends que de nombreux Israéliens non croyants fêtent le shabbat, plus par tradition que pour des raisons religieuses.
Ils me proposent de les accompagner le lendemain à une réunion familiale à quelques heures de route. Leur proposition m’attire car c’est l’occasion de rencontrer des locaux et de découvrir un autre endroit du pays Cependant, je dois décliner car je veux profiter du jour de repos pour avancer sur ma mission en freelance. Continuer à travailler pendant mon séjour en Israël est difficile car les occasions de visiter des lieux fascinants et de faire des rencontres sont nombreuses. J’ai l’impression de ne pas profiter autant que j’aurais voulu. Cependant, j’apprécie de voyager pendant plusieurs semaines tout en percevant des revenus.
Les échanges sont souvent ce qui me plaît le plus dans les voyages en solo. À Michmanim, la rencontre avec mes hôtes n’est pas éphémère comme l’ont été de nombreuses rencontres que j’ai faites à Tel Aviv et Jérusalem. Au contraire, en vivant chez des habitants pendant plusieurs jours, je prends le temps de les connaître.
La fille de Roki et Roni passe quelques jours à la maison avec son copain. Parler avec des jeunes gens me fait plaisir car il n’y a pas d’autre volontaire que moi durant mon séjour. De plus, je suis toujours intéressé pour faire la connaissance de locaux.
Le WWOOFing permet d’en découvrir beaucoup sur un pays
Pendant un long trajet en camion qui mène à des ruches près de Haïfa, j’admire le paysage sec et rocailleux. Il y a aussi de grandes zones vertes, des plantations de fruits. Tout pousse ici : pêches, litchis, abricots, mangues… Lorsque nous passons devant des plantations d’avocats, Roki m’explique que la culture de ce fruit s’est développée ces dernières années dans le pays. Ils ont besoin de plus en plus d’abeilles pour polliniser les champs et ainsi, les apiculteurs israéliens perçoivent une rémunération de plus en plus élevée pour mettre leurs ruches dans les champs d’avocats.
Lorsque nous nous arrêtons dans une plantation où se trouvent des ruches, je vois pour la première fois les arbres à l’épais feuillage vert. Roki cherche des avocats à manger. Sans succès : ils ne sont pas encore mûrs. Je dois accrocher des cordes autour des ruches avant que Roki ne les tracte sur le camion. Dès que je fixe les cordes au premier bloc de ruches, je vois des abeilles sortir. Elles me piquent aux mains et aux jambes. Je n’ai pas attendu que l’apiculteur vaporise la fumée ! Je sais maintenant pourquoi cette étape est si importante.
Plus loin, nous passons au milieu de pêchers. Cette fois-ci, Roki remarque un fruit mûr, l’arrache de l’arbre et me le tend. Je déguste une des meilleures pêches que j’ai jamais mangées !
Faire une activité manuelle dans la nature me plaît. Surtout lorsque celle-ci est luxuriante et variée, et que les tâches ne sont pas épuisantes, même si je sue sous mon sweat.
Ensuite, nous arrivons à un lieu situé plus en altitude, où nous déchargeons les ruches. Une fois cette tâche effectuée, nous prenons le chemin du retour. Des pneus brûlés sont visibles à un endroit. Derrière le volant, Roki m’explique que, la veille, des Druzes ont bloqué la route, pour protester. Cette population du Proche-Orient a sa propre religion. Mon hôte me dit que les Druzes sont fidèles et loyaux au pays dans lequel ils vivent. Ainsi, ils font leur service militaire dans l’armée israélienne. En l’écoutant, je me dis que le pays est plus complexe que je ne le pensais. De plus, je trouve qu’en Galilée, les communautés vivent séparées mais qu’il y a peu de tensions entre elles.
Le même jour, en fin d’après-midi, je visite Saint-Jean-d’Acre, une ville située sur la côte. Je rejoins la cité en train en 30 minutes. Les distances sont courtes en Israël. J’apprécie de retrouver un peu d’autonomie après plusieurs jours à vivre au rythme du travail et des repas dans la “ferme”. De plus, après plus de 3 semaines en Israël, je suis fatigué. Les visites, découvertes et rencontres sont prenantes. Même si mon séjour de WWOOFing me demande moins de déplacement que des vacances classiques, les échanges avec les gens me demandent de la concentration.
J’arrive à Karmiel, où je remarque que les bus menant à Michmanim ne circulent plus. Ainsi, je fais du stop, comme me l’a conseillé Roki. Après une vingtaine de minutes passées à faire des gestes au bord de la route devant les voitures qui passent, je suis résigné. J’appelle Roni, qui va demander à son gendre de venir me chercher. A ce moment, une voiture s’arrête enfin et son conducteur me propose de me ramener. Ma première expérience de stop est réussie, puisque j’ai trouvé un conducteur, et que celui-ci est sympathique.
Un matin, alors que je prépare des commandes de miel avec une des employées, celle-ci m’invite à en déguster. Je goûte un peu de chaque pot qui correspond à une saveur particulière. Ensuite, nous allons au shetach, dans la grande tente où règne toujours une forte chaleur. L’après-midi, nous réparons le sol en compagnie d’un autre employé. Je les entends parler hébreu et remarque que mon oreille s’est habituée à la langue, à force de côtoyer des Israéliens juifs.
Une fin de séjour surprenante
Un jour, en entrant dans le centre, je remarque que son apparence est différente de d’habitude. Des décorations ornent les tables et les arbres. Je m’avance vers la cuisine et croise des gens en train de préparer des repas. D’autres installent un barbecue. Les lieux vont accueillir un événement organisé par une entreprise américaine. Je me dis que la modernité vient de s’emparer du shetach. Cette agitation et le changement d’apparence du centre m’impressionnent et m’amusent.
Soudain, des dizaines de personnes arrivent. Par petits groupes, ils s’installent sur les tables accueillantes puis vont se servir à manger et à boire tout en discutant. Il doit s’agir des employés de l’entreprise. Lorsque je les entends parler anglais avec un accent américain, j’ai l’impression que le centre s’ouvre au monde.
En apprenant le montant élevé dépensé par l’organisateur pour le service du traiteur et la décoration, je me dis que le site est un endroit recherché. C’est plus qu’un simple lieu de retraite. L’aménagement des lieux et la vue sublime en font un endroit magique. La volonté et l’esprit entrepreneurial de Roki et Roni, qui ont créé ce centre tout seuls il y a des décennies, forcent mon admiration. Ils ont dû le construire petit à petit pour qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui. Je me suis habitué en quelques jours à ce décor mais, parfois, je réalise à quel point il est beau.
De plus, l’esprit communicatif et l’accueil chaleureux de mes hôtes rendent mon séjour fascinant. Le jour de mon départ, Roni m’invite à venir leur rendre visite à nouveau à l’avenir. Mais la prochaine fois, je viendrai à Michmanim juste pour passer un moment avec eux, sans travailler.