Je voulais aller en Israël depuis un bon moment. La riche histoire de cette région, son patrimoine naturel et la complexité de sa société m’attirait. De plus, moi qui apprends l’hébreu, j’avais envie de pratiquer la langue avec des locuteurs natifs.
Lorsque j’ai finalement mis mon souhait à exécution, j’ai décidé de faire un séjour de plusieurs semaines. Le but était de comprendre, ou du moins d’observer, la culture israélienne et ce qui se passait dans la société. Je voulais en particulier faire des rencontres avec des locaux. Mon activité de freelance me permettant de travailler où je veux, j’ai pu voyager un mois dans le pays tout en gardant une mission en freelance.
Première étape de mon voyage en solitaire dans le pays : visiter Jérusalem en 5 jours.
Découvrez comment j’ai vécu mon séjour à Jérusalem la religieuse et retrouvez les attractions incontournables de la ville.

Informations pratiques pour visiter Jérusalem
- Comment se rendre à Jérusalem ? Comment se déplacer dans la ville ? L’aéroport international de Tel Aviv est situé presque à mi-chemin entre Tel Aviv et Jérusalem. Depuis l’aéroport, vous pouvez vous rendre à Jérusalem en train Express en une vingtaine de minutes, ou prendre un bus qui roule 24h sur 24. Gardez en tête que, pendant le shabbat, les bus et trains ne circulent pas. Si votre vol arrive entre le vendredi après-midi et le samedi après-midi, vous devrez rejoindre la ville en taxi ou éventuellement en sherout, un taxi partagé. Cette deuxième option est moins chère que la première mais il faut attendre que le véhicule soit plein pour partir. Pour ce qui est des transports dans Jérusalem, je vous conseille d’acheter une carte électronique rechargeable Rav Kav. Elle est valable dans tout le pays et permet de se déplacer en tram, bus et train. Je l’ai acheté à un distributeur à la gare de l’aéroport de Tel Aviv dès mon arrivée. La vieille ville étant petite, vous pouvez vous déplacer à pied dans celle-ci. Le tramway, qui n’a qu’une seule ligne, est idéal pour rejoindre les quartiers excentrés, hors de la vieille ville. Il y a de nombreux bus mais ils sont peu ponctuels. Si vous comptez visiter plusieurs villes ou régions pendant votre séjour, une bonne option est de louer une voiture, car le réseau ferroviaire est peu développé. De plus, avec ce mode de transport, vous pouvez continuer à vous déplacer pendant le shabbat sans craindre les interruptions des services de bus, trains et transports publics. Cliquez ici pour réserver une voiture de location en Israël.
- Est-ce qu’un visa est nécessaire ? Pour les ressortissants français, belges, suisses et canadiens, aucun visa n’est requis pour un séjour touristique de moins de 3 mois en Israël.
- Comment s’habiller pour visiter les lieux de culte ? Certaines églises, synagogues et mosquées interdisent l’accès aux personnes en short. Prévoir au moins un pantalon et, pour les femmes, des habits qui couvrent les épaules et la tête.
- Comment planifier ses visites ? Je recommande de commencer le séjour par une visite du musée de la Tour de David, qui retrace bien l’histoire de la ville, et par un tour des Remparts, qui donne une idée des différents quartiers de la vieille ville. Dans cette dernière, vous pouvez marcher d’une attraction à l’autre sans perdre de temps. Gardez en tête que de nombreux sites juifs sont fermés pendant le shabbat, du vendredi après-midi au samedi après-midi. Je vous recommande de profiter de votre présence à Jérusalem pour visiter Bethléem qui est située à seulement une heure de bus.
- Quelle est la monnaie locale ? Comment payer sur place ? La devise, en Israël et en Palestine, est le shekel (août 2023 : 1 euro vaut à peu près 4 shekels). La plupart des restaurants et des boutiques acceptent la carte bancaire. Pour obtenir un taux de change intéressant à votre arrivée en Israël, rendez-vous dans un des nombreux bureaux de change. Certains distributeurs n’acceptent pas la carte EuroCard MasterCard.
- Quelle est la langue à Jérusalem ? Est-ce que je peux parler anglais ? La langue officielle en Israël est l’hébreu, et les Musulmans parlent aussi arabe. La majorité de la population parle anglais. De nombreux panneaux sont dans les trois langues : hébreu, arabe et anglais.
- Puis-je utiliser mon forfait téléphonique français ? C’est ce que j’ai fait, et je vous le déconseille, car la facture peut monter très vite. Il est préférable de commander une carte SIM prépayée avant votre voyage auprès d’une entreprise spécialisée.
L’organisation de mon séjour en Israël a commencé par la réservation des vols plusieurs mois en avance pour obtenir un prix intéressant. Ensuite, j’ai réservé mon logement à Tel Aviv puis à Jérusalem. Enfin, j’ai trouvé une ferme située en Galilée pour faire du WWOOFing pendant les deux dernières semaines de mon voyage. Cependant, je n’ai pas préparé de programme de visites, car cela m’aurait stressé. J’ai simplement loué un Guide du Routard à consulter sur place et ai décidé de me laisser guider par mes envies sur le moment.
L’arrivée à Jérusalem : rencontre avec la beauté d’une ville
Je pars au milieu de la nuit pour me rendre à l’aéroport. Mon vol matinal me mène à Venise, où j’ai plusieurs heures d’attente. Il serait dommage de ne pas en profiter pour visiter le centre-ville de la cité que je n’ai jamais visitée. Ainsi, je décide de me balader dans Venise.
Dans les ruelles traversant des canaux étroits, j’admire les maisons anciennes aux couleurs rouge, jaune et rose. Je rejoins le ghetto, un quartier où les Juifs étaient forcés de vivre du XVIe au XVIIIe siècle. Sur la place principale du ghetto, j’observe les façades de plusieurs synagogues. Dans une ruelle historique, je remarque une boutique de tee-shirts ornés de chats. Un homme est assis sur une chaise devant. Je l’aborde pour le complimenter sur ses tee-shirts qui m’amusent. Il est israélien, de Jérusalem, et vit à Venise depuis plusieurs années. L’homme m’expose son point de vue sur Jérusalem, qu’il trouve trop tendue et violente pour y vivre. Ses mots confirment l’impression que j’avais. En même temps, il me tarde de connaître l’atmosphère de la ville et de voir la situation de mes yeux.
Dans l’avion qui me mène de Venise à Tel Aviv, je discute avec mes voisins. Elle est italienne et son mari est arabe israélien. Ils viennent souvent en Israël pour rendre visite à leur famille. Peu après le début de la conversation, la femme évoque avec tristesse le conflit israélo-palestinien. Elle pense que je vais avoir le temps, en un mois, de découvrir la culture du pays. Confronté pour la deuxième fois de la journée, avant même d’arriver en Israël, avec ce conflit, je suis impatient de découvrir cela de l’intérieur.
Dès que je sors de l’aéroport après avoir passé un contrôle de sécurité rapide, l’environnement m’impressionne. Mon regard est émerveillé par les inscriptions en hébreu, une langue que je trouve belle. J’entends des conversations sans en comprendre le sens. Pour la première fois depuis que j’apprends l’hébreu, la langue est présente tout autour de moi. Je vois des gens au style vestimentaire variés : des hommes religieux vêtus de noir et portant un chapeau, des personnes habillées à l’occidentale, des femmes portant des jupes longues et des collants pour couvrir leurs jambes, des militaires, des femmes portant des vêtements courts… Tout en faisant partie d’une même société, ils me paraissent avoir des modes de vie opposés.
Après 30 minutes de train, j’arrive à la gare de Jérusalem. Là, je me rends compte que je n’ai pas de connexion Internet car ma consommation de données est bloquée. Je n’avais pas anticipé cela. Je croise les doigts pour pouvoir me connecter à des réseaux Wifi publics pendant mon séjour. Sans accès à Google Maps, il est difficile de savoir où aller.
Je monte dans un tramway bondé. C’est un dépaysement complet. L’atmosphère mélange religiosité et modernité. Cette ambiance me déstabilise. Mon regard veut capter tout ce qui m’entoure. De plus, j’entends les locaux discuter et je lis les inscriptions qui annoncent les stations. Je prononce les mots dans ma tête.
Le tramway me dépose devant un décor sublime : les remparts de la vieille ville éclairés dans la nuit. Cette partie, la plus touristique de Jérusalem, n’occupe qu’une petite surface au centre de la cité. Il est possible de la parcourir à pied. Cela tombe bien, j’adore visiter des villes en marchant, sans but précis.
J’admire les murailles en pierre blanche bien conservées. La capture d’écran de Google Maps faite lorsque j’avais encore accès à Internet m’indique que je dois traverser la vieille ville pour rejoindre mon logement, situé à l’extérieur des remparts, à Jérusalem-Est, où vit une majorité d’Arabes. Lorsque je sors, une multitude de points lumineux venant des habitations me sautent aux yeux. Ils me rappellent un ciel étoilé. Les appels à la prière résonnent dans le silence. Cette partie de la ville étant peu éclairée, je ne peux pas voir où sont situées les mosquées.
Je marche sur un chemin désert qui descend puis remonte, sans être sûr que mon itinéraire soit le bon. En revanche, ma direction est la bonne. L’incertitude et la beauté de la vue augmentent mon excitation. Les tombes d’un cimetière étendu s’alignent en contrebas de la vieille-ville. Derrière, deux dômes majestueux s’élancent au-dessus des remparts. L’un, doré, est le Dôme du Rocher. Je suis impressionné car j’ai vu de nombreuses photos de lui. C’est un des monuments les plus célèbres de Jérusalem. L’autre, situé à côté, est plus petit et gris. Il me tarde de visiter ces lieux.
Une route fréquentée par des voitures mène jusqu’au quartier de Ras Al-Amud où se trouve mon logement, la Maison d’Abraham. Il est 22h.
En me couchant, je me dis que peu de villes m’ont fait un premier effet aussi impressionnant !
Voyageurs qui allez visiter Jérusalem : faites en sorte d’arriver dans la ville une fois la nuit tombée !

Visiter Jérusalem : une immersion dans une atmosphère religieuse unique
Le matin, j’admire la ville depuis la terrasse car l’emplacement du logement garantit une vue sublime. Les remparts de couleur sable forment des petites dents derrière lesquelles des arbres s’élancent. Le Dôme du Rocher, qui brille sous le soleil, se détache dans le ciel bleu.
Vous découvrirez peu après votre arrivée à Jérusalem une caractéristique désagréable de la ville : sa congestion urbaine. Je monte dans un bus qui progresse avec difficultés au milieu d’un flot de véhicules, sur une route à une seule voie. Le son des klaxons accompagne la procession. Je décide d’aborder en hébreu la personne assise à côté de moi, une personne noire de peau portant une kippa et des bandelettes, les tsitsit, au pantalon. Il doit être d’origine éthiopienne, puisque la plupart des Juifs noirs vivant en Israël viennent de ce pays.
– « Vous parlez anglais ?
– …
– Je parle un peu hébreu. Jérusalem est belle. »
Il me sourit et me met une tape amicale sur la cuisse. Mon niveau d’hébreu va être trop limité pour communiquer, à part des banalités et des phrases de présentation. Cependant, avoir engagé la discussion avec un inconnu me rend fier et de bonne humeur. Il faut se lancer.
Le bus avance toujours au ralenti. Il est souvent immobile. J’aurais mieux fait de rejoindre la vieille ville à pied. Parmi les passagers, j’observe de nombreux Juifs dont les habits indiquent qu’ils sont religieux. Certains lisent un petit livre qui doit être la Torah.
Je pénètre dans la vieille ville par la porte de Jaffa, une des 8 portes, à pied. L’édifice sublime porte des inscriptions en arabe qui me semblent anciennes. J’admire ces lettres élégantes gravées dans la pierre. En faisant le tour des remparts, je veux avoir une première vue d’ensemble de la vieille ville et de ses différents quartiers. J’achète mes billets dans une petite pièce située à côté de l’entrée de la porte, puis monte sur les remparts par un petit escalier étroit. J’ai décidé de parcourir la moitié nord aujourd’hui, et de faire le reste un autre jour.
Une fois en haut, j’admire à la fois les toits des bâtiments de la vieille ville, ornés de paraboles et de citernes d’eau, et le bord des murailles à l’extérieur, recouvert d’herbe. Soudain, je vois devant moi, sur le chemin en zigzag, une statue représentant un soldat mamelouk d’Egypte. Intrigué, je lis un panneau explicatif.
Une histoire de conquêtes et de reconstructions
Difficile d’imaginer une ville plus convoitée dans l’Histoire que Jérusalem ! Sa place importante dans les 3 religions monothéistes fait d’elle un aimant.
C’est d’abord le lieu où se trouve le rocher de l’Alliance, là où, d’après la religion juive, Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils Isaac. Cet événement se serait déroulé entre 2000 ans et 1500 ans avant l’ère chrétienne. Au XIIIe siècle av. J.-C., le peuple hébreu s’installe, sur les traces d’Abraham, à Canaan, la région qui correspond à l’Israël actuelle et à une partie des pays voisins. Vers l’an 1000 av. J.-C., le roi David fait de Jérusalem la capitale du royaume d’Israël. Après la période hellénique, les Romains, qui débarquent dans la région en 63 av. J.-C, occupent la ville et installent Hérode, un Juif d’adoption, sur le trône du royaume de Judée. Jésus serait venu plusieurs fois à Jérusalem, et c’est là qu’il est crucifié. Aux Ie et IIe siècles, les Romains anéantissent deux fois la ville en réponse à la révolte des Juifs. C’est le début de la Diaspora, c’est-à-dire la dispersion des Juifs dans le Bassin méditerranéen. Au IVe siècle, la période byzantine débute suite à la conversion de l’empereur romain Constantin au christianisme.
Au VIIe siècle, lorsque l’Islam se répand, les armées arabes conquièrent Jérusalem. Une croisade libère la ville de l’occupation musulmane en 1099, mais le royaume latin de Jérusalem est de courte durée puisqu’en 1187, le sultan d’Egypte Saladin reprend en partie la Palestine. Les mamelouks d’Egypte prennent le relais, puis, en 1517, les Ottomans arrivent. Ce sont eux qui construisent les murailles de la vieille ville que vous pouvez voir de nos jours. Ils restent jusqu’en 1917, date à laquelle les Britanniques occupent la Palestine.
Avec l’avènement du sionisme, de nombreux Juifs de la diaspora s’installent en terre promise. Suite à la proclamation de l’État d’Israël, en 1948, une guerre éclate entre les Juifs et les Arabes. Le cessez-le-feu de 1949 prévoit la division de Jérusalem en deux parties : Jérusalem-Ouest, administrée par Israël, et Jérusalem-Est, administrée par la Jordanie. En 1967, en remportant la guerre des Six Jours, Israël annexe Jérusalem-Est.
Le soleil est déjà intense et je ne peux pas m’abriter, puisque le chemin est en plein air. Seules ma casquette, mes lunettes de soleil et la crème solaire me protègent. À ma droite, j’observe les bâtiments du quartier arménien, un des quatre quartiers de la vieille ville. Des drapeaux jaunes et bleus du Vatican flottent. La religion me semble partout. Un panneau d’information faisant partie du tour des remparts attire mon attention car il concerne la période ottomane. Je m’approche et le lis.
Soudain, l’aspect des bâtiments dans la vieille ville change. Le quartier musulman s’étend à ma droite. Je trouve les lieux en mauvais état. Dans une cour extérieure, des détritus et des meubles cassés sont éparpillés, comme si les habitants n’y sortaient plus depuis des années. Le tour des remparts passe près des habitations. On a l’impression de rentrer dans le quotidien des gens.
Fatigué par la chaleur, je décide de sortir à la porte des Lions. Devant celle-ci, j’admire les 4 lions sculptés dans la pierre de part et d’autre de l’entrée. Je trouve l’édifice à l’aspect ancien magnifique et majestueux.
Ensuite, je pénètre dans le quartier musulman, puis remonte la Via Dolorosa, la voie emprunté par Jésus jusqu’au lieu de sa crucifixion. Dans la rue étroite, je tombe sur un groupe avançant lentement. Ils doivent venir d’Amérique du Sud. Ils s’arrêtent aux différentes stations du chemin de croix.
Je ne peux plus avancer tellement il y a de monde. J’admire les magnifiques arches en pierre qui surmontent cette voie de procession. Je décide de tourner pour rejoindre le restaurant Lina, que mon guide recommande. La cuisine israélienne m’attire car je mange beaucoup de plats végétariens. Je suis bien décidé à découvrir le patrimoine gastronomique du pays pendant mon séjour. On me sert une assiette de houmous et une salade au tahiné, une pâte de sésame qui me donne mal au ventre. La quantité de houmous m’impressionne. En France, on mange du houmous comme accompagnement, mais ici, il s’agit d’un plat à part entière. Même si l’assiette est délicieuse, il est difficile de la finir !
Au cœur du quartier musulman, le souk apparaît. Dans le dédale de rues étroites, souvent couvertes, qui ressemblent à des couloirs, des petites boutiques s’alignent. On trouve de tout ici. Je sens les odeurs d’épices délicieuses et admire des étals recouverts de fruits et légumes envahir le trottoir. Parfois, des commerçants me hèlent. Je ne m’approche pas car je n’ai rien à acheter ici. J’ai l’impression que les touristes se font facilement avoir.
Soudain, je remarque des voiles sublimes flotter. Le propriétaire de la boutique s’approche. Après avoir discuté avec lui, je rentre à l’intérieur pour prendre un café. Assis à une table à côté de laquelle jouent les deux filles du gérant, je me dis qu’il a bien aménagé sa boutique, où il propose à la fois de la restauration et des produits de décoration. Le charme des commerçants du souk m’ont, moi aussi, conquis !
Ensuite, je visite l’église Sainte-Anne. Celle-ci fait partie du domaine national français et est administrée par la congrégation des pères blancs. Quand je pénètre dans la cour extérieure, j’ai l’impression d’être à l’écart du tumulte et de la tension qui règne dans la vieille ville. C’est une oasis de calme et de paix. À l’intérieur de l’édifice simplement décoré, je discute en français avec un sympathique prêtre de la congrégation. Il me parle du lieu et de la vie à Jérusalem. Je trouve que l’église, qui date du XIIe siècle, a l’air plus jeune que son âge. Il explique que les Musulmans, qui l’ont occupée pendant plusieurs siècles, l’ont gardé en bonne condition. Des ruines romaines se trouvent devant l’église. Ce lieu m’intéresse peu.
Je sors et me balade dans la quartier musulman en essayant de me perdre, à l’écart des rues touristiques. En voyant des enfants jouer et des adultes discuter, je me dis que leur vie semble normale, comme s’ils habitaient dans un quartier résidentiel d’une ville européenne. La banalité du quotidien tranche avec le caractère saint et historique de la ville. Par ailleurs, la cohabitation entre les 3 religions me fascine. Des Juifs religieux à chapeau et papillotes vêtus de noir marchent tranquillement dans les quartiers musulmans, chrétiens ou arméniens. De plus, l’atmosphère religieuse, qui se mélange avec la vie de tous les jours des habitants, m’impressionne. L’effervescence autour de la foi règne.
Soudain, je vois une pâtisserie servant des knafeh, un dessert au fromage que j’adore et que j’ai dégusté en Allemagne sous le nom de künefe. J’observe le propriétaire préparer le plat dans un grand four. Un serveur souriant m’apporte la pâtisserie sucrée et chaude à ma table.

Après cette dégustation revigorante, je repars. Soudain, je remarque une pancarte qui souhaite la bienvenue aux visiteurs dans le quartier juif. Sans elle, il serait difficile de savoir où commence le quartier. Les yeux rivés sur un plan dans mon guide de voyage, je cherche le cardo, une ancienne voie romaine. Après l’avoir atteint, je marche lentement sur les pavés qui recouvrent la voie couverte. J’observe un mur récent et étendu sur lequel il y a une illustration représentant des colonnes antiques. Il doit s’agir d’une reconstitution du lieu à l’époque romaine. Je trouve le site peu intéressant, mais le quartier me fascine. Il y a moins d’agitation et de bruits que dans le souk. J’observe les habits remarquables des Juifs religieux qui passent. Ils portent souvent des costumes noirs et chemises blanches, un chapeau noir, des chaussures noires et des tsitsit.
Je comptais visiter le mur des Lamentations un autre jour, mais, comme je suis à proximité et que je ne sais pas quoi faire d’autre, je décide d’y aller. Pour l’atteindre, il faut passer un contrôle de sécurité. Après avoir marché dans un escalier bien entretenu qui descend vers la place où se trouve le mur, surnommé Kotel, je passe un rapide contrôle. Le mur apparaît. En me disant qu’il a plus de 2000 ans, je suis impressionné. Je trouve que les lieux sont chargés de ferveur, ce qui me touche. J’avance sur la place où se mêlent touristes et locaux. En regardant les visiteurs étrangers, je me demande qui est juif et qui ne l’est pas. Une balustrade délimite l’accès au mur. Debout derrière elle, je vois à ma droite des femmes marcher vers la partie qui leur est réservée.
Tout d’un coup, des chants en hébreu s’élèvent. Ils viennent d’un groupe de jeunes hommes qui se tiennent par les épaules et forment un cercle. Ils ne sont pas habillés de noir comme les Juifs orthodoxes mais portent la kippa et des tsitsit. Le seul mot que je comprends est Yeroushalaïm (Jérusalem en hébreu), qui revient souvent. Il doit s’agir d’un chant à la gloire de la ville. Un jeune homme qui se tient à ma droite rejoint le cercle. Petit à petit, d’autres font de même. Le beau spectacle de ces jeunes qui ne se connaissent pas mais se retrouvent spontanément pour chanter me fascine. Maintenant, plusieurs dizaines de personnes chantent.
Ensuite, j’erre dans les rues du quartier juif. La fatigue commence à se faire sentir et je suis démotivé. Je m’assieds sur un rocher à côté d’un parking pour me reposer.
Qu’est-ce que je fais là ? Il y a plein de monuments à voir, mais ce qui me plairait est de rencontrer des gens, de préférence des locaux. Voyager en solitaire facilite les rencontres, mais cela demande du courage et de la motivation. Je me remets en route, décidé à être positif et à parler spontanément à des locaux dans la rue. Je me force à sourire et à me tenir droit. Sur le chemin qui mène à la cathédrale Saint-Jacques, située dans le quartier arménien, je sens ma motivation se renforcer. Je pénètre dans la cour intérieure menant au lieu de culte orthodoxe. Deux hommes discutent derrière un guichet. Je m’approche en souriant. Ils m’expliquent que la visite de l’église n’est plus possible à cette heure tardive. L’un d’eux m’invite à revenir demain à 16h.
– « Tu es Arménien ?
– Oui, toute ma famille est arménienne.
– Tu connais Charles Aznavour ?
– Oui bien sûr ! Que fais-tu en Israël ?
– Je suis ici pour 4 semaines. Je passe 5 jours à Jérusalem, puis une semaine à Tel Aviv, et enfin 2 semaines en Galilée.
– Tu aimes Jérusalem ?
– L’atmosphère est unique, je n’ai jamais vu ça. La ville est belle, mais je voudrais aussi m’amuser et rencontrer des gens, pas seulement visiter des monuments.
– Tu veux aller dans un bar ce soir ? Je peux t’emmener dans celui de mon beau-frère ! »
Il s’appelle Viktor et m’est tout de suite sympathique. Je me dis que cet échange est important, autant que les visites d’église ou de sites historiques. Je suis ravi et profite du moment présent.
Lorsque nous sortons de la vieille-ville, le décor change. Je vois des immeubles modernes ainsi que des bars et restaurants soigneusement décorés. Nous sommes à Jérusalem-Ouest, la partie juive de la ville. Le bar dans lequel nous rentrons a ouvert il y a peu de temps. Viktor parle à un serveur en arménien. Pendant la soirée, nous échangeons sur nos vies et nos métiers. Je lui dis quelques mots en hébreu. Il semble ravi de m’entendre parler cette langue, me félicite puis me corrige. La famille de Viktor habite à Jérusalem depuis des siècles. La présence des Arméniens me fascine car c’est la plus ancienne communauté chrétienne de la ville. Le peuple s’est converti au IVe siècle.
Viktor regarde vers la rue et me montre une personne portant un drapeau arc-en-ciel sur les épaules. Il me dit que la gay pride de Jérusalem a eu lieu aujourd’hui. Quelle surprise ! Je n’imaginais pas qu’une gay pride soit organisée dans une ville si religieuse. J’aperçois, à côté de la terrasse, un autre bar devant lequel se trouvent des jeunes gens. Certains portent les couleurs arc-en-ciel. Il serait bien de continuer la soirée avec eux.
Nous retournons dans la vieille ville car Viktor doit rentrer chez lui. Nous nous disons à demain, 16h, pour la visite de l’église Saint-Jacques. Après avoir mangé un chawarma, je décide de retourner au bar où se trouvent les gens qui étaient à la gay pride. Sur le chemin, je passe devant les magnifiques remparts éclairés et les palmiers qui les bordent.
Les larges avenues de Jérusalem-Ouest ne me sont pas familières et je n’ai pas accès à Internet. Dans ces conditions, il est difficile de retrouver le bar ! Je me dis que je vais devoir m’orienter sans Internet pendant mon séjour en Israël, ce qui va être un défi. Après avoir marché 10 minutes depuis la porte de la vieille ville, j’aperçois, soulagé, les terrasses colorées sur le trottoir d’une rue passante. Des gens dansent devant ce bar associatif LGBT-friendly. D’autres, assis par terre, discutent. Je m’assieds à côté d’un jeune homme. Je suis surpris d’apprendre qu’il aime vivre à Jérusalem car la présence de la religion lui plaît et car il peut vivre sa foi et son homosexualité. À l’inverse, Tel Aviv ne l’attire pas. J’aurais imaginé que le conservatisme de Jérusalem n’était pas compatible avec la vie gay.
Cette première journée a été bien remplie. Au-delà des lieux visités, je suis reconnaissant pour les rencontres spontanées que j’ai faites pendant la journée.
Le vendredi, l’ambiance devient étrange
Le matin, la chaleur me semble plus intense que la veille. Je me protège en prévision de la journée passée à marcher dehors. Je m’enduis de crème solaire, enfile ma casquette, remplis ma bouteille d’eau, mets mes lunettes de soleil puis sors.
La route qui descend depuis mon logement mène à un escalier qui passe à côté du cimetière juif du Mont des Oliviers, que j’avais vu le soir de mon arrivée. C’est le cimetière juif le plus ancien et le plus sacré au monde. Il est impressionnant de se trouver devant des tombes qui datent d’il y a plus de 2500 ans ! J’admire, sous un soleil intense, les rectangles de couleur blanc cassé qui forment un immense quadrillage. Dans le large escalier qui monte vers les remparts, je ressens de la fatigue, due aux efforts physiques et à la chaleur, alors que je ne suis parti il y a que 20 minutes !
Après avoir traversé une partie de la vieille ville, j’atteins la porte de Sion. Elle est plus petite que celle de Jaffa. Comme les autres entrées, son aspect ancien m’impressionne. J’imagine des convois composés d’ânes rentrer dans la ville il y a plusieurs siècles à l’endroit où je me trouve. Je quitte l’enceinte, puis croise un groupe de touristes. Ils doivent faire un pèlerinage religieux. Il y a dans la ville sainte beaucoup de groupes de touristes chrétiens venant de nombreux pays. Il est compréhensible que les croyants veulent se rendre aux endroits où des scènes de la bible se sont déroulées et où reposent des figures chrétiennes. Par exemple, d’après la tradition, Marie s’est éteinte sur le mont Sion. J’atteins les lieux où s’élève l’abbaye de la Dormition. Son apparence bien entretenue me laisse penser qu’elle est récente. Je vais dans une rue étroite délimitée par un grillage et des barbelés pour trouver l’entrée, sans succès. Une grille m’empêche d’accéder à l’abbaye. En lisant mon guide, j’apprends que le monument date du début du XXe siècle et qu’il est possible de visiter. Peut-être qu’une messe se tient en ce moment à l’intérieur.
Je pénètre dans un petit édifice à proximité. Je vois des arches élégantes au plafond et remarque sur un mur une inscription en arabe, signe que c’était une mosquée pendant la période ottomane. Il s’agit du Cénacle, le lieu où se serait déroulée la Cène. Au bout de la petite pièce, un escalier mène jusqu’au toit. Depuis ce point de vue, j’admire les cyprès en bas et les collines en arrière-plan. Je me retourne et vois un minaret s’élever du toit. Je redescends avec soulagement à l’intérieur car, sur le toit exposé au soleil, je souffre de la chaleur.
À un étage inférieur se trouve le tombeau de David, roi d’Israël. Je vois une file de touristes faire la queue jusqu’à la sépulture et remarque une sorte d’urne qui contient des kippas en papier. Après en avoir posé une sur ma tête, je m’avance vers le fond de la pièce.
Le tombeau de David, recouvert d’un élégant drap blanc brodé, ne m’impressionne pas. Un Juif vêtu de noir et portant des papillottes est agenouillé contre le monument et prie. Ici aussi, je ressens la ferveur religieuse. En me retournant, je remarque un autre homme juif assis derrière un pupitre sur lequel se trouve un livre. Il doit s’agir de la torah. Je me dis qu’il doit connaître tout le contenu du livre sacré s’il l’étudie tous les jours.
Je me rends au mur des Lamentations car aujourd’hui, c’est vendredi, jour de shabbat. Le lieu doit être particulièrement animé. Dans les rues du quartier juif, des petits groupes de jeunes filles portant des collants foncés et des jupes longues marchent dans la même direction que moi. Chacune d’elles porte un livre sous le bras. Elles ont l’air de bonne humeur et discutent entre elles, comme si elles allaient faire du shopping. En les voyant, je me dis que le mur a un effet d’attraction important sur les Juifs pratiquants.
En arrivant, je trouve qu’il y a moins de monde qu’hier. Peut-être qu’il est encore trop tôt. Les hommes qui prient la tête contre le mur sont pour la plupart vêtus de pantalons et de vestes noires. Par 37°C et sous un soleil de plomb, ils doivent souffrir de la chaleur. Leurs habits, portés par les Juifs d’Europe centrale et orientale, ne sont pas adaptés au climat d’Israël !
Je m’approche du mur après avoir saisi une des kippas à disposition. Un jeune homme juif orthodoxe d’une vingtaine d’années vient me parler. Je suis content de parler avec un Orthodoxe pour la première fois car je les trouve mystérieux. Il me parle en français après avoir entendu mon accent. Le fait qu’il parle ma langue maternelle me rapproche tout de suite de lui. Il voulait me prêter des tefilines, des boites de cuir noir renfermant des extraits de la torah que portent les Juifs autour du bras pendant la prière. Il me dit qu’il est hollandais et qu’il vit à Jérusalem, où il étudie, depuis quelques mois. Il a habité quelques mois en France. Il me paraît sympathique et réservé. Lorsqu’il m’apprend qu’il parle yiddish, je suis enthousiasmé. Je comprends un peu cette langue si proche de l’allemand. Il trouve que la vie est parfaite pour lui ici. Son mode de vie studieux, religieux et intemporel, est en décalage avec la plupart des personnes de son âge en Europe.

Il est l’heure de visiter la cathédrale Saint-Jacques. Lorsque je passe la porte, j’entends une voix : « No short ! » Je n’ai emporté aucun pantalon dans mes bagages et je n’ai pas pensé qu’ils pouvaient m’être utiles lors de la visite de lieux de culte. Il est 15h50 et je veux assister à la messe des séminaristes orthodoxes arméniens qui a lieu à 16h. Ainsi, je cours vers le souk pour m’acheter un pantalon. Il y aura forcément une boutique pour me dépanner. Dans une rue étroite et animée, un commerçant me redirige vers une autre boutique située plus loin. Le propriétaire est dans une situation rêvée : un touriste ayant besoin en urgence d’un vêtement. Il a un pouvoir de négociation immense. Dans sa boutique, j’essaie un pantalon froissé et qui semble avoir déjà été porté. Le vendeur m’assure qu’il est neuf. Je négocie une petite réduction mais le prix payé me paraît quand même très élevé.
Vous allez visiter Jérusalem ? Pensez à emporter dans vos valises un pantalon et, si vous êtes une femme, un voile qui couvre vos épaules et votre tête !
Je cours et arrive à la cathédrale, le tee-shirt trempé de sueur. Aucune trace de Viktor. Tant pis ! Je rentre à l’intérieur après lui avoir envoyé un message.
La cour intérieure me fait penser à un cloître car la promenade passe sous des arches. Je rentre dans la cathédrale par une petite porte puis m’assois sur un banc près de l’entrée. J’admire en l’air de nombreux encensoirs, des contenants d’encens suspendus à une chaîne qui sont typiques des églises orthodoxes. Soudain, plusieurs religieux entrent en silence par une porte située à l’arrière. Ils sont vêtus d’une longue robe noire qui couvre tout leur corps. Je me dis que celui avec la barbe la plus longue, qui semble être le plus âgé, est un prêtre. Les autres doivent être des séminaristes. Les sons graves de leurs chants en arménien résonnent. Moi qui n’ai jamais assisté à un office orthodoxe, je trouve que la messe a un aspect mystique. Les religieux en noir chantent presque en continu et se lèvent de temps à autre pour balancer un encensoir.
Le marché de Mahané Yehuda, situé à Jérusalem-Ouest, est ma prochaine destination. C’est un incontournable pour un amateur de marchés comme moi. Lorsque je rentre dans le lieu couvert, le brouhaha m’accueille. Les bruits sont de la musique, des conversations entre les visiteurs, et les exclamations des commerçants. L’endroit est en pleine effervescence car les Juifs viennent y faire leurs courses avant le début du shabbat. Les gens semblent pressés et de bonne humeur. En avançant difficilement au milieu de la foule, je perçois une odeur forte de mélange d’épices. J’admire l’étal présentant des sacs d’épices de couleurs variées. Puis je remarque un stand vendant des pâtisseries orientales. Celles-ci forment derrière la vitrine une surface aux couleurs jaune et orange. Le vendeur prépare un assortiment de pâtisseries que je déguste sur une table de son stand. Derrière moi, on passe de la musique électronique. Je me retourne et je vois dans un bar au coin d’une allée des jeunes gens faire la fête. Cette scène me surprend. Mahané Yehuda est à la fois un marché et un lieu de fête. La mixité y règne, puisqu’il y a aussi bien des Juifs orthodoxes que des personnes non-religieuses. Par ailleurs, j’y croise peu de touristes étrangers. Allez-y le vendredi après-midi !
Petit à petit, les lieux se vident. J’ai lu dans une BD sur Jérusalem qu’un religieux parcourait le marché en sonnant une corne en fin d’après-midi le vendredi pour annoncer le shabbat. Je le cherche du regard, mais ne le vois pas. En remarquant un étal couvert de petits pains dans des sacs en plastique, je me dis que la journée n’a pas été bonne pour le vendeur. Celui-ci hèle les passants et leur propose un prix avantageux. De jeunes hommes se pressent pour profiter de la promotion.
Il est 18h. Les allées sont désertes. Les commerçants ont baissé leur rideau métallique. Cependant, la musique électronique est encore perceptible.
En rentrant vers la vieille ville, je marche dans des grandes rues où la circulation est presque inexistante et où les piétons se font rares. Les restaurants et les boutiques sont fermés. Dans une Jérusalem-Ouest silencieuse et peu fréquentée, je me sens seul au monde. En Europe, le dimanche, les voitures roulent et les transports en commun fonctionnent, alors qu’ici, le vendredi en fin d’après-midi, l’activité s’arrête.
Où dîner un soir de shabbat ? Les restaurants arméniens et arabes sont ouverts. Je vais à l’Armenian Tavern que Viktor m’a conseillé. Assis à une petite table, je vois aux tables d’à côté des touristes étrangers. La forte fréquentation touristique m’impressionne. Je n’avais pas anticipé qu’il y aurait une aussi forte concentration de touristes venant du monde entier. Au menu : du bœuf en sauce servi dans le plat de cuisson, accompagné de riz. Je déguste la sauce de couleur jaune vif d’abord avec les yeux. L’odeur de légumes et d’épices monte jusqu’à mes narines. En mangeant, je sens la chaleur m’envahir. Pas vraiment un plat d’été !
Le soir, en longeant les remparts illuminés, je profite du charme immense de Jérusalem le soir. Arrivé à mon logement, je suis satisfait d’avoir marché une grande partie de la journée.

Un séjour qui demande de la motivation et de l’organisation
J’arrive vers 7h au Saint-Sépulcre, où se trouvent le tombeau du Christ et une église. Pour y arriver, j’ai marché jusqu’à la vieille ville. Désormais, je connais bien le trajet magnifique qui traverse d’abord un décor sec et rocailleux, puis des ruelles étroites bordées de bâtiments anciens.
Dès que je pénètre dans l’église, le manque de lumière me surprend. Dans ce lieu, géré par l’Église orthodoxe, j’observe de nombreux encensoirs dorés suspendus. Ils me font penser à de petits lustres élégants. J’entends parler russe autour de moi. Je remarque des gens qui se prosternent devant des symboles religieux et des tombes de figures chrétiennes.
Ensuite, je me dirige vers la petite construction dans laquelle se trouve le tombeau. Dans la longue file, un jeune homme et une jeune fille me préviennent que je ne pourrai pas rentrer à l’intérieur si je garde mon short. Ils parlent en connaissance de cause puisque, hier, le jeune homme, qui portrait un short, a été refoulé à l’entrée. Je n’ai pas à m’en faire. Depuis la visite de la cathédrale Saint-Jacques, j’emporte toujours mon pantalon dans mon sac.
Le couple sympathique vient de République Tchèque. Ils doivent avoir à peu près mon âge et font leur voyage de noces en Israël. Je me dis qu’il est facile de rencontrer des gens lorsqu’on voyage seul.
Nous sommes tout proches de l’entrée de l’édicule. Deux hommes en short devant nous ne peuvent pas rentrer. Que ce doit être rageant d’avoir fait la queue pendant une heure pour rien ! On nous demande de ne pas rester longtemps. Après environ une minute devant le tombeau, nous quittons les lieux.
Nous décidons de visiter ensemble demain matin l’esplanade des Mosquées située sur le Mont du Temple. J’ai essayé de m’y rendre hier mais l’accès était interdit. Les militaires du poste de contrôle m’ont dit que les non-Musulmans pouvaient accéder à l’esplanade uniquement le dimanche à 7h en empruntant la rampe à droite du mur des Lamentations.
Ensuite, je finis le tour des remparts. Le parcours m’intéresse peu car j’ai déjà admiré les toits. De plus, j’ai une bonne idée des quartiers de la vieille ville et je sais m’orienter.
Je lis dans mon guide de voyage qu’une visite de la Tour de David est un incontournable. Je décide donc de visiter le musée. La première pièce du musée, toute en longueur, retrace l’histoire de Jérusalem à travers des panneaux numériques. Chacun donne des explications sur une période de la ville. J’approche mon audio-guide des écrans car je préfère écouter que lire, mais les pistes ne démarrent pas. Ainsi, je suis contraint de parcourir les informations sur les écrans. J’essaie ainsi de saisir les différentes périodes qui ont marqué la ville.
Si vous allez visiter Jérusalem, commencez par vous rendre au musée de la Tour de David au début de votre séjour pour comprendre l’histoire de la cité. Je pense que saisir le passé des lieux rend la visite de monuments plus claire. Par exemple, il faut garder en tête que la plupart des bâtiments qui se dressent aujourd’hui à Jérusalem datent de la période ottomane ou mamelouke. Tout ce qui a été construit avant le XIIe siècle n’est pas visible, car situé sous terre.
Je continue la visite en parcourant des salles qui ne m’intéressent pas. Seule exception : un documentaire captivant sur la guerre des Six Jours. Ensuite, je sors à l’air libre, à l’intérieur du site. Je vois la tour de David s’élever dans le ciel bleu et remarque des ruines à mon niveau. Le chemin de visite longe en hauteur la forteresse. J’admire les murailles faites de grosses pierres rectangulaires qui me rappellent la pierre bordelaise.
L’après-midi, je reste à mon logement pour travailler sur ma mission en freelance car je n’ai pas avancé depuis mon arrivée. Je pense à mon travail lorsque je suis en visite. Il est difficile de faire une séparation lorsqu’on mélange tourisme et travail, mais, puisque j’ai fait le choix avant mon départ de continuer cette mission, il faut que je m’y tienne.
Après avoir fini les tâches que je voulais faire, je suis décidé à profiter de ma soirée. Je dois faire attention à ne pas me coucher tard car je vais me lever tôt demain matin pour visiter le Mont du Temple.
Les ruelles magnifiques du quartier musulman m’accueillent. Plusieurs restaurateurs, debout devant leur établissement, viennent vers moi pour m’attirer. Je m’assois à la terrasse d’un restaurant qui me semble bon marché. Un couple de touristes mange à côté. Après avoir commandé, j’engage la discussion avec eux.
– « Le plat est bon ?
– C’est pas mal. Les prix de la nourriture à Jérusalem sont très chers, c’est incroyable. Les restaurateurs du souk profitent des touristes. »
L’homme est souriant et bavard. Lui et sa femme sont roumains et passent quelques jours à Jérusalem. Échanger avec eux me fait plaisir.
– « Est-ce que tu as demandé combien ton plat coûtait ?
– Non. J’aurais dû ?
– Oui, tu vas voir que c’est cher. »
Il a raison. Mon assiette et mon jus de fruits me coûtent environ 30€. De nombreux restaurants de la vieille ville, en particulier dans le quartier musulman, n’affichent pas leurs prix.
Touristes à Jérusalem : demandez le prix de votre plat avant de commander !
Je poursuis ma soirée dans un bar de Jérusalem-Ouest. Ensuite, je rentre chez moi en marchant sur les pavés des longues rues désertes et silencieuses du souk.
Cette balade nocturne dans la ville historique est méditative. Je passe devant les boutiques fermées des commerçants musulmans, puis arrive dans le quartier juif. J’admire la place illuminée où se trouve le Mur des lamentations. Elle est presque vide. Je vois quelques Juifs seuls qui doivent rentrer chez eux. Le Dôme du Rocher s’élève derrière.
Ensuite, je sors de la vieille ville et rejoins les quartiers arabes. Au début, j’avais de l’appréhension lorsque je faisais ce trajet de nuit. Maintenant, je me sens en sécurité. Je profite, détendu, de cette marche dans ce décor magique illuminé par la pleine lune et par les lampadaires. Arrivé à la terrasse de la maison d’Abraham, j’admire la vue sur la vieille ville.

5h30 : mon réveil sonne. J’arrive au contrôle de sécurité devant le mur des Lamentations où j’ai donné rendez-vous au couple tchèque. Ils ne sont pas là. Puisque je n’ai pas de données Internet, je ne peux pas voir les messages sur WhatsApp. Je les appelle donc. Pas de réponse. Je m’engage dans la file, où seule une dizaine de personnes, sûrement des touristes, attendent.
Le Mont du Temple : un lieu saint de l’Islam et du Judaïsme
Dans le sas devant l’entrée de la rampe, une femme juive américaine discute avec un homme portant une kippa. Celui-ci a le sourire aux lèvres et ne tient pas en place. Il a l’air excité de se rendre sur le Mont du Temple. Ils discutent devant la maquette d’un édifice qu’ils appellent le Second Temple. Je suis surpris de voir des Juifs ici. N’est-ce pas une esplanade sacrée pour les Musulmans ?
Cette scène s’explique par le fait que le Mont du Temple est considéré comme le Centre du Monde par le Judaïsme, tout comme par l’Islam. Les deux religions considèrent qu’un grand rocher situé sur le mont est la Pierre de la Fondation.
Pour les Juifs, il s’agit du lieu où Salomon a décidé de construire le Premier Temple, en 961 av. J.-C. C’est là que Dieu se serait révélé à Abraham. Détruit par les Babyloniens, le temple de Salomon est reconstruit au même endroit, environ 50 ans plus tard, par les Juifs revenant d’exil. Le roi de Judée Hérode Ier, qui régnait sur Jérusalem lorsque la ville était sous occupation romaine, fit agrandir ce Deuxième Temple au Ie siècle. Les Romains détruisent à nouveau le Temple en l’an 70 après que les Juifs se soient rebellés contre l’Empire. Le mur occidental du Deuxième Temple, le Mur des Lamentations, est ce qui reste aujourd’hui du mur d’enceinte de l’édifice.
Pour les Musulmans, le Mont du Temple est le troisième lieu saint après La Mecque et Médine car le Rocher serait l’endroit où le prophète Mahomet est monté au ciel sur un cheval ailé. Le Dôme du Rocher est un sanctuaire, à ne pas confondre avec une mosquée, construit en 691, qui protège le Rocher. L’autre attraction principale de l’esplanade est la mosquée El-Aqsa, datant du VIIIe siècle et restaurée en 1034. Depuis la prise de la vieille ville en 1967 par les Israéliens, un organisme musulman, le waqf, gère ces lieux saints.
Soudain, on nous fait signe d’avancer. J’avance sur la rampe qui monte vers le Mont du Temple. Lorsque je pénètre sur l’esplanade des Mosquées, je suis agréablement surpris par le calme. Personne ne s’y trouve. J’entends seulement quelques oiseaux. Ce lieu de tension entre les communautés est si paisible. Au bout d’une large allée bordée d’immenses arbres, je vois le Dôme du Rocher qui s’élève dans le ciel sans nuage. Une fontaine élégante me rappelle les jardins de l’Alhambra de Grenade. Arrivé devant le sanctuaire, j’admire le détail des décorations qui ornent ses façades. La partie inférieure en marbre clair est surmontée de motifs géométriques typiques de l’architecture arabo-musulmane. C’est le plus beau monument que j’ai vu jusqu’ici à Jérusalem. De plus, il est situé dans un espace aéré sublime, où se trouvent des arbres, des arbustes et des fontaines.

Ensuite, je m’approche de la mosquée El-Aqsa, plus sobre. L’édifice m’impressionne quand même par sa taille. J’admire son dôme majestueux. Ce dernier doit être magnifique à observer de l’intérieur. Cependant, puisque l’entrée à ce monument est interdite aux non-musulmans, comme le Dôme du Rocher, je ne peux pas le vérifier par moi-même.
On m’avait dit avant de partir qu’il y avait parfois des scènes de violence entre Juifs et Musulmans sur le mont du Temple. Je n’en suis pas témoin. Depuis mon arrivée dans la ville sainte, je perçois une violence et une tension dans l’air. Cependant, les habitants semblent arriver à vivre dans une relative normalité, à côté de la haine. J’admire le calme des gens qui vivent ici, au centre du conflit israélo-palestinien.
Dans un podcast dans lequel il témoigne sur son pèlerinage à Jérusalem, Éric-Emmanuel Schmitt, un dramaturge, dit : « Ce qui m’étonne à Jérusalem, ce n’est pas que ça pète. C’est que ça pète si peu ». Lorsque j’ai entendu ses mots, après mon retour en France, je me suis dit que ses paroles étaient justes.
Maintenant, des touristes se trouvent sur les lieux. Je sors par un des accès gardés par des militaires. Je ne suis pas obligé d’emprunter à nouveau la rampe pour quitter les lieux. En quittant l’esplanade, je me dis que cela valait la peine de me lever si tôt.
Assis à la terrasse d’un café, je réfléchis à l’organisation de ma journée. Une baignade dans la Mer Morte est sur ma liste. C’est le bon moment pour y aller avant mon départ pour Tel Aviv demain. C’est parti !
Arrivé à la gare centrale de bus, je suis surpris par la grande taille du bâtiment sur plusieurs étages. Le lieu me fait plus penser à un centre commercial qu’à une gare. Au 3e étage, je vais à un guichet car je ne suis pas sûr du bus à prendre. Une employée m’indique le numéro du bus et me fait payer pour recharger ma carte de transport qui ne disposait pas assez de crédit pour faire le trajet. J’ai du mal à comprendre les tarifs des transports en commun ici.
Je patiente dans un couloir près d’une porte vitrée qui mène aux quais. En voyant la foule de locaux qui se forme petit à petit, je me dis que le bus est un moyen de transport apprécié en Israël. Soudain, un bus arrive. Les gens se précipitent sur le quai et montent. Arrivé à 2 mètres de bus, je ne peux plus avancer dans la foule compacte. Après 5 minutes, le chauffeur fait signe que le véhicule est complet, et part. Je ressens de la déception et me dis que j’aurais dû me placer devant la porte au lieu d’attendre dans le couloir derrière mon téléphone. Je dois attendre le prochain bus pendant une heure.
Dans le bus, je fais attention à ce qui se passe autour. Je ne veux pas rater mon arrêt et perdre du temps à nouveau. Voyager en solitaire est un moyen de se responsabiliser car on ne dépend que de soi-même.
J’admire le paysage composé de sol rocailleux de couleur sable et parfois de champs d’oliviers ou de palmiers. Je remarque deux hommes portant une barbe et des papillotes discuter dans la bonne humeur. Ils me semblent parler en yiddish. J’essaie de saisir des mots de leur conversation, sans beaucoup de réussite. Je décide d’engager la conversation en hébreu.
– « Vous parlez yiddish ?
Il a l’air surpris.
– Oui. Où as-tu appris l’hébreu ?
– Je parle un peu hébreu, je l’apprends avec un livre. Je ne suis pas juif. Où travaillez-vous ?
– J’écris des livres sur la Torah. »
Nous passons à l’anglais car mon niveau d’hébreu ne permet pas de continuer. Il m’apprend que l’hébreu se lit en commençant par la droite, comme l’arabe, car, dans la religion juive, le côté droit est considéré comme pur. Il commence par le côté droit pour faire de nombreux gestes du quotidien, ce qui m’étonne. Cette conversation avec un Juif religieux m’a enrichit.
Soudain, une étendue d’eau de couleur bleu pâle apparaît en contrebas. Je distingue la rive de l’autre côté de la Mer Morte. Le bus s’arrête à Ein Gedi, au bord de la mer. Je ne sors pas car il est conseillé d’aller jusqu’à Ein Bokek pour se baigner sur des plages aménagées. Je remarque un panneau indiquant « Massada ». Ce site de fortifications antiques me fascine par sa beauté et son caractère historique, mais je ne le visite pas. Il y a tant de lieux magnifiques à découvrir dans ce petit pays qu’il est difficile de faire des choix. D’un autre côté, la durée limitée de mon séjour m’incite à ne sélectionner que les attractions qui m’intéressent vraiment.
Alors que le bus longe la côte, je remarque un jeune homme se tenant debout dans l’allée centrale. C’est un touriste indien qui prend des photos du paysage. Il tend son bras vers la fenêtre pour que son objectif capte le décor. Dans ce car rempli de locaux, je me sens tout de suite proche de lui. Puisque je suis assis à côté de la fenêtre, je lui propose de prendre les photos pour lui. En tenant la petite GoPro dans ma main, je me dis que c’est un équipement de qualité. Adit est développeur freelance. Il a pris des vacances de longue durée pour voyager en solitaire à travers le monde. Il poste souvent des photos et des vidéos de ses voyages sur ses réseaux sociaux. A l’entendre, j’ai l’impression qu’il est déjà suivi par une petite communauté. Je me dis qu’il faut être organisé et motivé pour partir pendant plusieurs semaines en voyage à l’étranger, comme lui ou moi.
Moi qui suis parti il y a moins d’une semaine, je trouve mon séjour seul fascinant du fait des rencontres faciles et des lieux incroyables que je découvre à mon rythme. Dans le même temps, mon attention et mon énergie sont mises à contribution en permanence. Il n’est pas évident de satisfaire ma curiosité sans enchaîner les visites et les rencontres de façon machinale. Adit doit sûrement faire des jours de repos pour tenir sur la durée.
Nous décidons d’aller ensemble à la plage d’Ein Bokek. Moi qui voulais être pris en photo en train de flotter, un livre à la main sur l’eau, je me dis que c’est super d’avoir rencontré Adit ! Nous marchons une centaine de mètres sur un chemin de promenade entre l’arrêt de bus et la plage puis atteignons le sable chaud. J’admire le flanc de la colline abrupte et rocailleuse qui se dresse au bord de la route, derrière la plage. Devant moi, je perçois les rives de la Mer Morte situées en Jordanie.
Dans l’eau, je flotte comme un bouchon. La sensation me surprend et me plaît. Je fais attention à ne pas rentrer la tête sous l’eau comme mon guide le recommande. Lorsque je porte un doigt sur ma langue, j’ai l’impression d’avoir placé une grande cuillère de sel dans ma bouche. Après 10 minutes de baignade et de shooting photo, nous rentrons sur la plage peu fréquentée. Nous rejoignons nos serviettes qui se trouvent sous de grands parasols géants.
Je cours sur la pointe de pieds vers les douches situées derrière la plage, puis profite du jet puissant. J’ai la sensation agréable d’être débarrassé de la grande quantité de sel qui se trouve sur mon corps et dans mes cheveux.
Le bus arrive. Nous avons bien géré notre temps. Je me dis qu’il n’y a rien d’autre à faire à Ein Bokek que de se baigner. De plus, il n’est pas facile de rester longtemps dans l’eau. D’après moi, une à deux heures de visite sont suffisantes.
Sur le trajet vers Jérusalem, Adit fait du tri dans les photos. Il doit être difficile pour lui de profiter des lieux visités tellement il prend de clichés. Certains touristes dans des destinations recherchées semblent porter plus d’importance à ce que leur appareil capture qu’à ce qu’ils voient. Par exemple, à l’Alhambra de Grenade, j’ai vu des gens prendre des clichés dès qu’ils entraient dans une pièce, avant même d’avoir pris le temps de l’admirer de leurs yeux. Je trouve cela dommage. Ici, j’essaie de profiter d’abord des paysages ou monuments, puis je me demande si une photo en vaut la peine et, si c’est le cas, je sors mon smartphone.
Après avoir quitté Adit, je m’arrête à Jérusalem-Ouest au restaurant Ben-Sira Hummus. Comme son nom l’indique, la spécialité est le houmous, décliné en de nombreuses variations. Je commande à une borne du houmous au champignon et, dix minutes plus tard, on me sert l’assiette accompagnée de pain pita. Lorsque je finis le plat délicieux, mon ventre est prêt à exploser.
Une escapade en Cisjordanie à la fin de mon séjour
C’est mon dernier jour à Jérusalem. Je veux visiter les lieux où je ne me suis pas encore rendu : le mont des Oliviers, le mémorial de Yad Vashem et Mea She’arim, le quartier des Juifs ultra-orthodoxes. Si j’ai le temps, j’irai à Bethléem. Un planning chargé !
Le mont des Oliviers m’attire. Peut-être parce qu’il porte le nom d’un bel arbre, parce que c’est une des 4 collines sacrées de Jérusalem, ou parce qu’à son sommet, la vue sur la ville est sublime. Avant de m’y rendre, je descends dans la vallée pour observer les monuments anciens. Sur le chemin aménagé, je suis déjà passé plusieurs fois devant eux, et je veux prendre le temps de les admirer. Le tombeau d’Absalon est un petit édifice carré à coupole, bien conservé. En lisant le panneau situé devant, j’apprends son histoire, vieille de 2000 ans. Les motifs et inscriptions gravés dans la pierre m’impressionnent. Je m’imagine des ouvriers le construisant à l’époque du Second Temple. Dans la vallée, je n’entends presque plus les bruits de la circulation. En marchant, j’admire les petits oliviers espacés et les remparts de la vieille ville.
Non loin du tombeau d’Absalon se trouve un monument arborant des colonnes et un toit triangulaire apparaît. Il s’agit de la tombe de Zacharie, datant elle aussi du Ie siècle av. J.-C. En faisant son tour, je trouve l’édifice monumental et me dis que son constructeur serait fier qu’il ait traversé les siècles. Sa partie basse est directement taillée dans un bloc de roche.
Ma montée vers le sommet du mont des Oliviers commence. Je passe devant la basilique de Gethsémani, située à côté d’un jardin rempli d’oliviers. Certains datent de plus de 2000 ans. J’observe les arbres pour deviner lesquels sont les plus anciens. L’endroit m’intéresse peu. De plus, je trouve que c’est un lieu très fréquenté par les touristes. Ensuite, je croise des groupes de Chrétiens venus d’Asie et d’Afrique.
Dans un escalier près du sommet, je remarque un petit jardin où se trouvent les tombes de 3 prophètes. Par curiosité, sans l’avoir prévu, je rentre. Un homme chaleureux m’accueille. Il m’explique l’emplacement des tombes qui se trouvent dans une grotte. J’écoute avec attention ses paroles. Cependant, en bas, j’ai oublié tout ce qu’il m’a dit.
J’allume la bougie qu’il m’a donnée. Sa faible lumière ne permet pas d’y voir grand-chose dans l’obscurité. Déambuler dans cette grotte déserte, aménagée il y a plusieurs siècles, une bougie à la main, me plaît. D’une part, parce qu’il y fait frais. De l’autre, parce que je me crois dans une pyramide égyptienne à la recherche de la sortie. Après 15 minutes passées à chercher l’emplacement des tombes, je sors, déçu. Dans le jardin, je me dis qu’il est surprenant qu’un Musulman gère les lieux où reposent des prophètes chrétiens. Lorsque je lui fais part de mon étonnement, il me dit simplement que ces prophètes sont aussi reconnus par l’Islam.
Arrivé en haut du mont des Oliviers, la foule de touristes m’impressionne. C’est un des meilleurs points de vue pour photographier la vieille ville. Je me faufile pour admirer les tombes du cimetière juif et, derrière, les remparts. Au-delà, on distingue les hauts immeubles de Jérusalem-Ouest.
Après avoir attendu 10 minutes un bus, sans succès, je monte dans un taxi. Comment les bus peuvent-ils passer à l’heure au milieu de cette circulation chaotique ?
Le taxi me dépose à la porte de Damas, où je prends le tram jusqu’au terminus, le mont Herzl. Une forêt verdoyante recouvre la zone. Il est difficile de s’orienter. Je m’engage dans un chemin puis vois des lettres sublimes qui annoncent les lieux : Yad Vashem. Je marche sur un chemin jusqu’au mémorial de la Shoah.
Le site est sobre et beau. Je décide de ne pas visiter le musée sur l’holocauste car je me suis déjà beaucoup informé sur le sujet. La partie que je veux visiter est l’allée des Justes parmi les Nations. Le long de celle-ci s’élèvent des arbres qui rendent hommage aux personnes qui ont sauvé des Juifs pendant la guerre. J’ai beaucoup entendu parler de ce lieu et j’ai toujours voulu le voir de mes yeux.
Je pénètre sur l’allée bordée de petits arbres qui s’alignent jusqu’à une place. A côté de chacun d’entre eux, il y a une plaque où figurent un ou plusieurs noms ainsi qu’un pays : Pologne, Pays-Bas, France… Le fait que ces héros ne soient pas célèbres m’impressionne.
Dans le parc, j’admire au loin les collines couvertes d’arbres. Le lieu est idéal pour accueillir un mémorial. Ensuite, je rejoins une place monumentale. C’est le lieu où repose Theodor Herzl, le fondateur du sionisme.
Puis je décide de me rendre à Bethléem, en Cisjordanie, avant de partir pour Tel Aviv. La petite ville étant située à seulement 30 minutes de bus, il serait dommage de ne pas en profiter. Dans un petit restaurant servant des sandwiches situé à côté du mont Herzl, je vois un groupe de jeunes filles en uniforme militaire portant chacune une arme. Une fois qu’elles ont passé leur commande, je m’avance. Alors que je sors mon portefeuille pour payer, l’homme derrière le comptoir dit quelque chose en hébreu. Une des jeunes filles m’explique qu’il me fait cadeau du sandwich. Surpris, j’insiste pour payer, mais il refuse. Il me dit qu’il m’invite parce qu’il est idiot. Je rigole. Cela doit arriver souvent en Israël de se faire offrir des repas dans les restaurants rapides. Cela compense un petit peu le prix des restaurants du quartier musulman.
Curieux d’en savoir plus sur le service militaire en Israël, je saute sur cette occasion unique.
– « Combien de temps dure le service militaire ?
– 3 ans, de 18 à 21 ans.
– Ça se passe bien ?
– Oui, je suis contente de rendre ça aux gens qui se sont battus pour la création du pays. »
Je n’avais jamais vu le service militaire sous cet angle. Pour moi, c’était une corvée.
Dans le bus pour Bethléem, je rencontre un touriste espagnol, Rafa. Il travaille à distance pour une grande entreprise technologique et passe quelques jours en Israël après un séjour en Grèce. Ce n’est pas un digital nomad, car il a un logement fixe, chez lui, en Espagne. Cependant, il travaille en voyageant de temps en temps. Depuis mon arrivée, j’ai peu passé de temps sur ma mission. Je compte en faire plus dans l’appartement Airbnb à Tel Aviv.
Les magnifiques collines parsemées d’oliviers me rappellent l’Andalousie. Rafa trouve que les deux régions se ressemblent, mais d’après lui, l’Andalousie est plus belle. Le bus passe la frontière entre Israël et la Cisjordanie sans s’arrêter.
Lorsque nous arrivons à Bethléem, je trouve le cadre plus authentique et moins ordonné qu’à Jérusalem. Dans les rues commerçantes animées et bruyantes, des câbles pendent des façades. Nous nous faufilons entre les voitures qui roulent au ralenti dans la circulation. Je lis les inscriptions en arabe sur les magasins et j’entends les paroles échangées dans cette langue par les passants. L’hébreu a disparu.
Nous arrivons à la basilique de la Nativité. De l’extérieur, j’admire la belle pierre blanche de l’édifice. Une foule de touristes se trouve à l’intérieur. Ce sont en majorité des groupes de voyage. L’intérieur de la basilique, anodine, ne me plaît pas. Je me mets sur le côté pour lire mon guide de voyage. Il ne reste presque plus rien de la basilique d’origine, construite en 326. Elle a subi dans les siècles suivants de nombreuses transformations. Je n’avais pas de grandes attentes en visitant cette église, mais je suis quand même déçu.
Nous descendons dans la grotte de la Nativité, où Jésus est né. L’endroit, rempli de touristes, ne m’intéresse pas. Je suis content de sortir.
Rafa me propose d’aller voir le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie. Lorsque je me trouve au pied du mur, je suis impressionné par sa hauteur. J’admire les œuvres de street-art sur l’édifice de 6 mètres de haut. Le mur, qui fait partie de la vie quotidienne des habitants, m’évoque la tristesse et l’absurdité. Depuis la terrasse des cafés, les hôtels et les étals des primeurs, on peut voir le mur s’élever dans le ciel bleu azur.

Il est 17h. Je quitte Bethléem avec regret car la ville arabe vivante me plaît. De plus, j’aimerais retourner en Cisjordanie pour visiter d’autres villes.
Le bus avance lentement. Il s’arrête à un point de passage que j’imagine être la frontière. Nous devons descendre et montrer nos passeports à des militaires. En voyant les locaux s’exécuter dans le calme, je me dis que les contrôles de sécurité font partie de leur quotidien. J’ai l’impression qu’il n’y prête pas attention, comme s’il s’agissait de contrôleurs vérifiant les titres de transport dans le métro.
Il faut que je me dépêche d’aller récupérer ma valise pour ne pas arriver trop tard à mon Airbnb à Tel Aviv. En courant, je sens la transportation qui colle mon tee-shirt à ma peau. Je rentre dans un bus et demande à des passagers à quel arrêt sortir pour aller à la gare. Bien qu’ils ne se connaissent pas, ils parlent entre eux pour décider quel est le meilleur itinéraire. Ils sont déterminés pour me faire arriver à bon port. Petit à petit, d’autres passagers interviennent. Ils ne semblent pas d’accord sur l’itinéraire. Dans la confusion, une femme m’aborde et me conseille de sortir à un arrêt à côté d’une station de tramway pour ensuite rejoindre la gare.
J’arrive à mon prendre le bus qui me mènera à Tel Aviv. Je ressens à la fois le soulagement de quitter l’atmosphère pesante de Jérusalem et l’ébahissement d’en avoir vu et appris autant.
Retrouvez la suite de mes aventures en Israël dans mon prochain article !
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Pour aller plus loin, je vous recommande l’excellente BD « Chroniques de Jérusalem » de Guy Delisle, qui décrit avec justesse et humour l’atmosphère de la ville et la situation du pays.
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