Il est difficile de choisir entre les différentes régions de France mais je dirais que celle autour de Bordeaux est ma préférée.
La diversité des paysages, comme les rangées de vignes du Médoc et de l’Entre-deux-Mers, et le bassin Arcachon, offre un large choix d’excursions. Certaines se font facilement à vélo, lorsqu’une piste cyclable bien entretenue le permet. C’est le cas de celle qui relie Bordeaux à Lacanau, au bord de l’océan.
En parcourant cette voie, j’ai traversé la zone au patrimoine naturel riche qui sépare la ville de l’océan.
Guide pratique pour un trajet à vélo
- Départ : Bordeaux.
- Arrivée : Plage de la Grande Escoure, à Lacanau.
- Distance aller-retour : 128 km.
- Quel vélo ? Un vélo de route est idéal, mais tout autre type de vélo convient.
- Quoi emporter dans les bagages ? Un gilet jaune pour être vu/e, des lunettes de soleil, de la crème solaire, du stick à lèvres (l’air sec gerce les lèvres), un maillot de bain et une serviette.
- Où se baigner ? Les plages du lac sont, d’après moi, agréables, car elles sont peu fréquentées, exceptée celle du Moutchic. Les plages de l’océan, à environ une demi-heure à vélo du lac, sont appréciables pour leurs vagues. Je recommande la plage du Lion, à la hauteur de la Grande Escoure, car elle est plus sauvage et moins touristique que celles de Lacanau-Océan.
Un trajet de Bordeaux à Lacanau à vélo dans des conditions idéales
Je pars un samedi matin vers 8 h 30 de Bordeaux, avec pour objectif le lac de Lacanau. À ce moment, je prévois de revenir à Bordeaux en bus en fin d’après-midi. J’atteins la piste cyclable après la traversée d’une demi-heure de l’agglomération bordelaise, pendant laquelle je me force à pédaler lentement pour ne pas rapidement me fatiguer. Là où débute la piste cyclable commence le paysage magnifique typique de la région : la forêt de pins. Les délicieuses senteurs de pins sont tout de suite perceptibles et m’accompagnent tout le long de mon trajet. Elles sont ma madeleine de Proust. En effet, elles me rappellent les vacances et les après-midi passées à Lacanau ou sur d’autres plages de la côte pendant mon enfance.
Alors que je roule dans la forêt, je perçois le concert constant des cigales, accompagnées par des gazouillis d’oiseaux. Le tracé de la piste forme de longues lignes droites sur la grande majorité du parcours. Mes yeux arrivent à peine à distinguer leur fin. Je préfère admirer l’environnement naturel et multicolore fait de fougères vertes des deux côtés de la piste, suivies de pins densément plantés. Par terre, les aiguilles de pins marron et les bandes de sable doré recouvrent les bas-côtés. Enfin, un ciel bleu sans nuage se trouve au-dessus de la forêt.
Plusieurs cyclistes roulant dans la même direction, la plupart à toute allure sur des vélos de route légers, me dépassent. Je me dis que je roulerais plus vite si j’avais aussi un vélo de route plutôt que mon trekking bike, solide mais lourd. Après quelques kilomètres sur la piste, je discute avec une cycliste d’une soixantaine d’années. Elle me dit qu’elle fait 50 kilomètres de vélo tous les jours sur cette piste cyclable. Pas étonnant quand on voit son allure svelte, sa peau bronzée et son visage joyeux. Elle part de Bordeaux le matin, roule jusqu’au village de Saint-Hélène où elle passe la journée, puis rentre le soir, accompagnée uniquement par les chevreuils sortant de la forêt.
A mi-chemin, je sens mes cuisses qui travaillent, mais l’effort est rendu supportable par l’air frais matinal qui m’accompagne. Même si je pourrais rouler rapidement sur cette piste goudronnée impeccable, je préfère pédaler à allure modérée et régulière afin de profiter de la nature qui m’entoure. Pourquoi aller vite si cela m’empêche d’admirer la forêt ?
J’atteins la ville de Lacanau, où je retrouve la route très fréquentée par les voitures. Je traverse rapidement la petite ville sans intérêt, puis j’arrive au bord du lac situé avant la station balnéaire de Lacanau-Océan.
Une baignade méritée dans le lac de Lacanau
J’apprécie à la fois le lac de Lacanau et l’océan, mais pour des raisons différentes. J’aime le premier pour ses nombreuses petites plages peu fréquentées, donc calmes, pour l’ombre offerte par les pins situés au bord des plages, et pour son eau sans vague apaisante. Le deuxième, pour le spectacle de sa nature sauvage faite de dunes de sable, de longues plages, et de vagues puissantes et bruyantes. J’aime me baigner dans ces rouleaux impressionnants, tout en prenant mes précautions pour ne pas être entraîné au large.
Cette fois, je décide d’aller me baigner au lac. Après ces efforts qui ont tiré sur mes cuisses, il est appréciable de se reposer à l’ombre et de se baigner dans des eaux calmes. Dans les rues recouvertes d’aiguilles de pins menant à la plage de la Grande Escoure, j’admire les maisons blanches aux volets de bois. La plupart d’entre elles datent de plusieurs décennies, mais de plus en plus de nouvelles villas modernes se construisent. Je mange mon pique-nique sur la plage puis je rentre facilement dans l’eau à température idéale. Je nage ensuite au milieu des bateaux à moteur immobiles qui ont mis l’ancre. Un peu plus au large, plusieurs catamarans, planches à voile, et optimistes se déplacent bien sur le plan d’eau, eux. La raison est que, sur la plage de la Grande Escoure se trouve un club de voile, où j’ai appris à faire de la planche à voile. Les conditions du lac, plan d’eau sans vague et vents de force modérée, sont parfaites pour une initiation. Je nage au bord du lac jusqu’à la plage voisine, encore moins densément occupée, puis je reviens à pied à la Grande Escoure.
L’atmosphère sur les plages du lac est détendue et calme, le silence étant surtout interrompu par des cris des enfants jouant dans l’eau. De plus, ici, contrairement à l’océan, les minuscules vagues ne font pas de bruit en s’écrasant sur la plage. Ces conditions me donnent envie de lire. Assis sur ma serviette posée sur le sable couverte d’aiguilles de pins, à l’ombre, je continue mon livre tout en appréciant la vue offerte : les voiliers blancs disposés sur la plage, l’étendue d’eau bleue, les pins bordant les rives du lac, et le ciel bleu.
Un trajet retour qui me fait aller au bout de mes limites
En milieu d’après-midi, je décide de prendre le bus en direction de Bordeaux afin d’éviter la forte fréquentation de la fin de journée. Lorsque le bus arrive, mauvaise surprise. Le coffre est déjà plein, et il n’y a donc pas de place pour mon vélo ! Je me résigne donc, et dois pédaler pendant 4 heures pour rentrer à Bordeaux.
Je roule vite car je suis pressé de rentrer à Bordeaux, mais je me force à ralentir pour économiser mes forces. Alors que je progresse sur les longues lignes droites empruntées le matin, je ressens petit à petit une fatigue généralisée et des douleurs musculaires. La température a nettement augmenté depuis l’aller. Je ressens ainsi un air chaud sur ma peau qui me fait transpirer et me fatigue rapidement. Par ailleurs, je sens que je me déshydrate et que mes lèvres se gercent à cause de l’air extrêmement sec. Heureusement que la majorité de la piste cyclable est à l’ombre des pins et plate. Arrivé dans la petite ville de Salaunes, je fais une longue pause pour boire à une fontaine. Là, je croise d’autres cyclistes arrêtés qui semblent autant souffrir de la chaleur que moi. Nous échangeons quelques mots, mais j’ai surtout envie de me reposer. Je me force à repartir pour arriver avant la tombée de la nuit.
J’atteins enfin l’agglomération bordelaise. Dans ces derniers kilomètres, chaque rue me semble interminable, et je dois faire des efforts pour avancer. Je ne peux me concentrer que sur la rue actuelle, sans arriver à penser à l’arrivée chez moi. Après avoir passé la rocade, je remarque avec surprise un arrêt de tram. Je décide de prendre le tram pour rentrer chez moi, mais, le prochain arrivant dans 15 minutes, je préfère finalement continuer à vélo plutôt que d’attendre. De plus, je me dis que je serai satisfait d’avoir fait tout le trajet à vélo uniquement. J’arrive chez moi à Bordeaux vers 20 h. Dans mon appartement, je ressens des douleurs dans mes épaules, mes cuisses, mes talons, et mon ventre, mais aussi une grande satisfaction ! Je me dis que je ne ferai plus jamais ce trajet avec une telle chaleur, mais je m’endors avec la fierté d’avoir fait l’aller-retour à vélo en une journée.