Saint-Sébastien est une de mes villes préférées en Espagne. J’aime son emplacement au bord de la mer, son ambiance de vacances et son riche patrimoine gastronomique. Un moyen idéal pour rejoindre la ville basque depuis Bordeaux est la Vélodyssée. Cette célèbre véloroute française, reliant Roscoff à Hendaye, passe par les vastes forêts landaises et les stations balnéaires de la côte Atlantique jusqu’à la frontière espagnole.
J’ai fait un voyage de Bordeaux à Saint-Sébastien à vélo avec un ami pour profiter de paysages magnifiques tout en faisant une activité sportive dans la nature sauvage.
Guide de voyage
- Distance : environ 340 km.
- Quand partir ? La période la plus agréable se situe entre avril et octobre. En juillet et en août, il faut faire attention aux fortes chaleurs. Si vous partez en automne ou en hiver, vous risquez de subir la pluie au Pays Basque.
- Combien de temps dure le trajet de Bordeaux à Saint-Sébastien à vélo ? J’ai mis 3 jours et demi, mais le trajet peut durer 3 jours à une vive allure et sans faire de longues pauses.
- Pour qui ? Tout le monde peut faire cette randonnée à vélo. Il y a des reliefs sur certains tronçons, comme dans les forêts dunaires et dans le Pays Basque, entre Anglet et Saint-Sébastien.
- Comment s’orienter ? De Bordeaux à Hendaye, les panneaux, pancartes, balises et marquages au sol portent souvent le logo orange et bleu de la Vélodyssée. Découvrez dans cet article une suggestion d’itinéraire qui évite la 4 voies d’Irun à Saint-Sébastien. Par ailleurs, le trajet peut aussi se faire dans l’autre sens.
- Quel vélo ? Le vélo tout chemin (VTC) est le plus adapté. J’avais un gravel, qui est aussi indiqué. Je déconseille les vélos de route car il y a des chemins de terre et des routes en mauvais état. Avant le départ, installez une béquille sur votre vélo, si nécessaire, et vérifiez que les luminaires fonctionnent.
- Où dormir ? En Gironde et dans les Landes, les possibilités pour bivouaquer ou faire du camping sauvage sans s’éloigner de la Vélodyssée sont nombreuses. Au Pays Basque, je vous conseille de sortir des villes balnéaires pour bivouaquer au calme. Pensez à parcourir la réglementation du bivouac et du camping sauvage en France avant de partir. Si vous décidez de dormir dans la nature, réservez du temps à la fin de chaque journée pour trouver un endroit adapté et qui vous plaise avant le coucher du soleil. Par ailleurs, il y a une large offre de logements à proximité de la Vélodyssée, notamment des campings.
- Où se ravitailler ? Pensez à vous nourrir et à boire régulièrement. Emportez une gourde ou une bouteille d’une capacité minimum de 1,5 litre. Prévoyez toujours suffisamment d’eau. Les villes et villages disposent souvent de toilettes publiques, généralement dotées d’un point d’eau. Les airs de pique-nique et les stades peuvent dépanner. Vous pouvez en dernier recours acheter de l’eau en bouteilles en supermarché, mais cette solution n’est pas écologique. Profitez des nombreux restaurants pour découvrir la cuisine locale. Si vous bivouaquez ou faites du camping sauvage, je vous conseille d’emporter un réchaud, quelques couverts et du thé ou du café pour le petit-déjeuner. Si vous ne voulez pas vous encombrer, vous pouvez prendre vos petits-déjeuners dans des cafés (faire attention aux dimanches et jours fériés).
- Quel équipement ? Quoi emporter dans les sacoches ? Lors de mon voyage, j’avais 2 sacoches de porte-bagage. Les indispensables sont le casque, les vêtements imperméables, les lunettes de soleil, la casquette, la crème solaire, le gilet jaune, le stick à lèvres, le chargeur portable et le couteau de poche. Si vous dormez dans un hamac, emportez une moustiquaire et une bâche pour vous protéger de la pluie. Prévoyez un antivol costaud et des outils de réparation et d’entretien (kit crevaison, chambre à air, petite pompe, chaîne). Les plus : un chargeur solaire et de l’anti-moustique.
Mon expérience sur la Vélodyssée, de Bordeaux à Saint-Sébastien à vélo
Nous partons fin-juillet et prévoyons de rentrer dans une semaine au plus tard. Je n’avais jamais roulé sur une aussi longue distance auparavant.
Rejoindre l’océan Atlantique au milieu des forêts de pins
Lorsque nous partons de Bordeaux samedi en début de matinée, nous trouvons nos chargements lourds. Les premiers coups de pédale sont laborieux.
À Saint-Médard-en-Jalles, nous atteignons la piste cyclable reliant Bordeaux à Lacanau après 40 minutes dans l’agglomération bordelaise. Les odeurs des pins et des plantes que je connais bien semblent dire : « Le voyage commence ! ». La verdure de l’environnement m’impressionne. Je vois de grandes fougères et des arbustes feuillus au pied des pins. Des plantes violettes au bord de la piste complètent cette végétation. Je me dis qu’il a dû pleuvoir beaucoup plus que d’habitude cette année. De plus, je sens l’humidité de l’air, qui me fait suer. Même si le ciel gris annonce de la pluie, j’enlève mon k-way.
Au lieu de suivre la piste cyclable jusqu’à Lacanau-Océan, où la Vélodyssée passe, nous tournons à gauche à un croisement peu avant la ville de Lacanau.
Nous rejoignons un chemin forestier de mauvaise qualité. Nos vélos sursautent. La voie est déserte. J’imagine qu’une ou deux voitures y passent par jour.
Autour de moi, je ne vois que des pins, souvent debout et vivants. Parfois, ce ne sont plus que des troncs empilés au bord de la route. J’admire leur couleur et perçois leur odeur épicée en passant devant.
Nous atteignons la D107 sur laquelle des voitures roulent vers Le Porge. L’itinéraire ne devait pas passer par cette route. Nous rebroussons chemin. Ce n’est pas la première fois que nous allons nous perdre.
Le téléphone sous les yeux, j’avance en regardant le croisement où nous avons pris la mauvaise sortie.
Nous traversons Le Porge puis entrons dans la zone urbaine du bassin d’Arcachon. Soudain, le premier panneau de la Vélodyssée de notre voyage apparaît. Nous espérons que, désormais, nous ne nous perdrons plus.
Le port ostréicole d’Andernos-les-Bains nous accueille. De nombreuses cabanes s’alignent au bord d’un chemin blanc longeant l’eau. Nous nous arrêtons à la Station des Gus. La terrasse derrière la petite cabane ostréicole offre une vue sur le bassin, au-delà du ponton auquel sont amarrés les bateaux à voile et à moteur. Entre les tables et les bancs, des arbres s’élèvent et leur feuillage forme un toit vert. La décoration rustique et peu soignée du lieu me plaît. Nous dégustons des huîtres, des bulots et des crevettes accompagnés de vin blanc. Je me dis que c’est une adresse idéale pour faire une pause dans une ambiance chaleureuse et détendue, le tout dans un cadre sublime.
Soudain, la pluie se met à tomber. Elle fait un son sourd en heurtant le toit de la cabane sous lequel nous nous abritons. Même là, je sens des gouttes de pluie sur mes bras. Heureusement que nous ne sommes pas repartis 5 minutes plus tôt !
Une fois le déluge passé, nous partons. Sur le tronçon peu intéressant faisant le tour du bassin d’Arcachon, les villes se succèdent. La Vélodyssée ne longe pas l’eau. Ainsi, je ne peux pas voir le magnifique bassin comme je l’aurais voulu. Nous atteignons rapidement La Teste-de-Buch, puis l’itinéraire contourne la ville d’Arcachon.
Tout d’un coup, le décor devient naturel. J’admire, à ma droite, la dune du Pilat dont la longueur m’impressionne. Dessus, des petites formes sombres se dessinent dans le ciel bleu. Ces gens qui se promènent doivent profiter de la vue sur l’océan et le Banc d’Arguin.
Nous roulons sur une piste à côté de la route pour voitures située entre les forêts de pins et la plage. Tut d’un coup, la première côte apparaît. Elle est peu inclinée mais longue.
Ensuite, une descente commence. Je place mes mains sur le cintre route et me penche en avant. Sans faire d’efforts, je prends de la vitesse, ce qui me plaît.
Sur ma gauche, je vois des arbres carbonisés. Sur certaines parcelles, il ne reste que la base des troncs, noircis aussi. Je me dis que, petit à petit, l’endroit se vide de ces pins brûlés. Je trouve une certaine beauté à ce paysage lunaire triste. Les traces des feux de forêt de l’été 2022 sont encore bien présentes.
Après cette zone vallonnée, la piste cyclable s’éloigne de la route. Elle passe juste derrière les petites dunes longeant l’océan. Nous remarquons un poste de secours caché par les pins. Nous nous approchons, en espérant voir un robinet. Nous trouvons des toilettes et un point d’eau. Lors d’un trajet à vélo en itinérance, il est important de toujours avoir suffisamment à boire. Surtout lorsque le voyage a lieu en été dans le sud de la France. J’admire des camping-cars garés entre les arbres avec le soleil couchant en arrière-plan et j’entends le bruit régulier des vagues, sans les voir. Si nous ne devions pas repartir pour trouver un endroit où dormir avant qu’il ne fasse nuit, je me serais baigné.
Nous recherchons un lieu à l’écart de la piste cyclable et de la départementale. De plus, l’endroit doit se trouver dans la forêt, pour être protégé du vent, sans que la végétation soit trop dense. Nous quittons la piste et roulons à faible allure sur un chemin forestier. Il y a trop de pins et de fougères pour pouvoir dormir sur cette parcelle sauvage. Ensuite, nous reprenons la route, puis trouvons un coin idéal. Manque de chance, des gens y sont déjà installés. Nous repartons en vitesse. Il ne reste plus beaucoup de temps avant que la nuit tombe. Le troisième endroit inspecté, à seulement 200 mètres de la départementale, nous satisfait.
En déchargeant mes affaires, j’ai une mauvaise surprise. Mon hamac a disparu. Je cherche dans mes sacoches. Sans succès. Il était fixé sur le porte-bagage avec un tendeur et a dû tomber pendant que je roulais. Je vais donc dormir par terre, sur la bâche prévue à l’origine pour me protéger de la pluie.
Je trouve pénible et chronophage de sortir toutes les affaires, chaque soir. De plus, il faudra les remettre dedans le matin. Lors d’un trajet en itinérance, c’est inévitable. J’installe ma bâche entre deux pins et j’attache une corde pour y suspendre ma moustiquaire. Nous entendons les voitures qui roulent en continu. En tendant l’oreille, je perçois un bruit qui me rappelle l’océan. Est-ce la route ou les vagues ?
Nous mangeons notre pique-nique sur la bâche. Une fois le soleil couché, les voitures se font plus rares. Ensuite, je m’allonge et ressens la fatigue de la journée. En même temps, je suis fasciné par ce cadre naturel sauvage. Je m’endors avec les sons de la forêt. Celui des oiseaux, des insectes, des cigales et du vent soufflant entre les arbres.
Baignades dans les Landes
Au réveil, nous discutons de la nuit. Un animal rodant autour de notre camp nous ont tenu éveillés. Il devait s’agir d’un sanglier ou d’un chevreuil. J’ai allumé ma lumière pour le faire fuir, ce qui a fonctionné. Nous rangeons nos couchettes et nos moustiquaires. Mon ami me dit qu’il a mal dormi dans son hamac car il a eu froid. Il pense que, s’il avait dormi par terre, l’inertie du sol l’aurait réchauffé.
En ce dimanche matin, sans le bruit des voitures, le roulement des vagues de l’océan se fait plus entendre. Nous buvons un thé, préparé sur le réchaud, et de la brioche. Nous sommes prêts à repartir.
20 minutes plus tard, nous arrivons à Biscarrosse-Plage. J’apprécie l’atmosphère de vacances et de détente. Des maisons blanches de plein pied et leurs jardins où s’élèvent de grands pins ressemblent à celles de Lacanau. J’aime cette architecture typique des stations balnéaires de Gironde et des Landes.
Les parcelles de pins défilent sur la piste cyclable de bonne qualité.
Soudain, nous voyons le lac de Biscarrosse. Le calme qui y règne me surprend et me détend. Nous n’apercevons qu’une poignée de baigneurs déjà loin du bord mais ayant toujours pied. Après une courte baignade jusqu’aux cuisses, nous nous enfonçons dans les forêts de pins. Je ressens des douleurs au dos. J’essaie de trouver une position confortable en poussant les fesses vers l’arrière et en me tenant droit, les épaules vers l’arrière. Cependant, dans cette position, je n’arrive pas à toucher mon guidon qui est trop éloigné.
Peu avant ce voyage, j’ai vendu mon vélo de randonnée et j’ai acheté un gravel, plus léger et plus maniable. Depuis plusieurs mois, je voulais rouler plus vite lors de mes sorties longues. Sur mon ancien vélo, lorsque j’accélérais, je sentais une résistance due au poids important de l’engin, alors que, sur mon gravel, j’atteins une vitesse élevée sans faire beaucoup d’efforts. Je cherche pourtant ces efforts qui sont indissociables d’une activité physique. Je vais devoir forcer sur mes jambes, ou passer à une vitesse plus élevée sur mon vélo, pour retrouver ces sensations.
À Mimizan, nous faisons une pause-déjeuner tardive. La chaleur est déjà intense. Dans les rues bondées, je suis surpris par la forte fréquentation touristique. Nous descendons de vélo pour parcourir les derniers mètres jusqu’à la plage à pied. Tout de suite, notre regard se porte sur les immenses et bruyantes vagues. À l’endroit où la baignade est surveillée, je vois un groupe de gens au bord de l’eau, admirant les vagues et hésitant à se jeter dans les rouleaux. Seuls quelques hommes osent se baigner. La plage s’étend à perte de vue. Au loin, nous apercevons des surfeurs, mais aucun baigneur. J’admire et envie les gens sur leurs planches au large.
Malgré ces conditions dangereuses, je décide de me baigner. Je vais dans la zone de surveillance. Je ressens des sensations de bien-être physiques et psychologiques au contact de l’eau de mer. De plus, il est agréable de faire d’autres mouvements que le pédalage répétitif. Après 15 petites minutes, je me sens fatigué et sors de l’eau. Les puissantes vagues sont épuisantes.
Revenu sur ma serviette, j’admire la longue plage où se cassent les magnifiques vagues. Il est rageant de voir ce spectacle sans pouvoir en profiter à fond. Nous décidons de reprendre la route sur plus de 50 kilomètres, le long de la côte landaise, jusqu’au lac de Léon. Là, nous pourrons nous baigner sans crainte. Nous quittons Mimizan sans regret car la ville manque de charme à notre goût.
La piste cyclable passe par Contis-les-Bains. Nous nous y arrêtons car nos réserves d’eau sont épuisées. Aucun point d’eau en vue. Nous achetons donc des bouteilles dans un supermarché. Cette petite station balnéaire est agréable car peu fréquentée et peu bétonnée.
Dans le village de Léon, nous quittons la Vélodyssée pour atteindre le lac. Je regarde l’eau qui a une couleur foncée typique des lacs de la côte Atlantique. La baignade fait du bien à nos jambes qui ont pédalé pendant plus de 100 kilomètres aujourd’hui. Ensuite, il faut chercher un endroit pour dormir. Nous inspections les alentours de la plage. Puisque la réserve naturelle du Courant d’Huchet jouxte la plage, il est interdit de bivouaquer dans cette zone. Nous trouvons une aire pour camping-cars qui pourrait faire l’affaire, mais préférons un endroit isolé et naturel. Nous repartons en vitesse.
Après avoir traversé Moliets-et-Maa, nous prenons un sentier qui s’enfonce dans la forêt. Je vois des petites plantes piquantes qui recouvrent une clairière située entre 3 parcelles de pins. Nous nous installons dans un coin sableux dépourvu de végétation. L’endroit semble idéal. Après avoir installé la bâche sur le sol, j’admire le coucher de soleil magnifique aux couleurs rose et bleu. J’entends le bruit de l’océan, au loin, et le chant des cigales autour de moi.
Au Pays Basque, le décor change
Je me réveille le dos endolori à cause du sol dur qui forme des bosses. Malgré cela, j’ai dormi en continu. Vers 9h, nous repartons à l’assaut des longues lignes droites passant au milieu des innombrables pins et de quelques chênes. La lumière du soleil est intense mais la chaleur est encore supportable.
Après avoir traversé les stations balnéaires de Vieux-Boucau-les-Bains et Seignosse, nous atteignons Hossegor. La piste passe dans le centre de la petite ville que je ne connais pas. J’admire des maisons élégantes et anciennes dans les rues. J’apprécie l’atmosphère détendue, qui me surprend. Je l’explique par la faible densité de touristes en ce lundi matin. Nous traversons le canal d’Hossegor avant de rejoindre la ville limitrophe de Capbreton. Une pause s’impose. Nous allons chez Monsieur Mouette, dans le port de plaisance. Sur la grande terrasse extérieure, nous profitons d’une vue sur le port peu animé. Je remarque surtout des cyclistes en nombre qui roulent sur la piste le long de l’eau. Ils se suivent comme des chenilles, par groupes de 3 ou 4. J’imagine qu’ils passent des vacances ici. Si c’était des bikepackers parcourant la Vélodyssée, ils porteraient des sacoches de porte-bagage. Ensuite, derrière les dunes au bord de la plage, je vois de nombreux surfeurs, leur planche sous le bras.
De plus en plus de cyclistes en famille nous croisent sur la piste cyclable. Il faut ralentir à plusieurs reprises pour éviter les collisions.
Le paysage naturel disparaît. Nous longeons le fleuve Adour dans une zone industrielle laide jusqu’à Bayonne.
J’admire les bâtiments du centre-ville, assis à la terrasse d’un restaurant sur les quais au bord de la Nive. Je remarque leur colombage et leurs volets rouges ou verts. Ils symbolisent le Pays Basque. Étroits et élancés, ils s’alignent au bord des quais et cachent les ruelles du centre-ville.
Nous atteignons Anglet. Je suis content que l’environnement change à nouveau. Aucune forêt de pins en vue. A la place, il y a une côte vallonnée. Nous faisons des efforts pour grimper les pentes abruptes qui longent les plages. Mes cuisses chauffent dans les montées en zigzag. Puisque j’avance à vitesse réduite, en danseuse, je peux admirer l’océan composé de plusieurs nuances de bleu, les plages de sable, les villas immenses et les maisons basques.
Nous faisons un arrêt à Biarritz pour admirer le rocher de la vierge, posé dans la mer et relié à la côte par une passerelle Eiffel métallique. L’affluence touristique m’impressionne. Il est difficile de progresser à vélo sur la piste qui longe la plage.
Après avoir parcouru plusieurs montées suivies de descentes à Guéthary, nous décidons de nous arrêter sur la plage d’Erromardie car celle-ci n’est pas bondée. Au mois d’août, sur la côte basque, c’est appréciable. Les vagues ne sont pas hautes car des collines des deux côtés de la plage l’abritent. 20 minutes plus tard, la baie de Saint-Jean-de-Luz est en vue. Depuis la piste cyclable qui longe la côte, nous admirons le front de mer et ses bâtiments élégants. Les résidences et hôtels cohabitent avec les maisons à colombage dans les ruelles du centre-ville.
Nous faisons des courses dans le centre-ville puis partons à la recherche d’un endroit où passer la nuit. Pour cela, nous devons quitter la Vélodyssée car celle-ci est trop proche de la côte. Nous roulons vers l’intérieur des terres sur la D918.
À un rond-point, nous remarquons une aire de pique-nique. Elle est exposée aux bruits incessants des voitures, mais des arbres cachent la vue depuis la route. Ce lieu nous convient, mais nous voudrions trouver un endroit plus sauvage. Il serait dommage de ne pas profiter des montagnes des Pyrénées !
Plus loin, nous traversons une place dans le village d’Ascain. Je remarque des enfants jouer à la pelote basque sur un fronton situé devant un café. Les gens assis à sa terrasse observent le spectacle et encouragent les joueurs. En voyant ce spectacle, je me dis que, pour un si petit territoire, le nombre de spécificités et de traditions du Pays Basque est très important.
Une cote d’une inclinaison de 5 % sur 3 kilomètres apparaît. Je change mon plateau et ma vitesse au minimum.
Des arbres immenses bordent la route ombragée. Je les vois à ma droite et, à gauche, se dresse le flanc de la montagne. La verdure de la nature témoigne des fréquentes pluies du Pays Basque. J’avance lentement, en faisant attention de rester à droite de la route pour éviter les voitures.
La montée mène au col de Saint-Ignace, à Sare, le lieu de départ du train de la Rhune. Nous pensions y trouver un endroit isolé où profiter d’une vue dégagée sur les montagnes verdoyantes. Au lieu de cela, il n’y a qu’un parking et de nombreux touristes. Certains reviennent à pied de la Rhune, d’autres descendent du petit train. Un espace boisé attire notre attention, mais il sera trop fréquenté tôt demain matin pour pouvoir y dormir. De plus, le sol est en pente.
Nous optons pour notre trouvaille initiale, l’aire de pique-nique à Saint-Jean-de-Luz. Avant d’y retourner, nous prenons notre dîner, constitué de melon, de houmous et de saucisson, au bord du parking. Les efforts physiques produits dans la montée m’ont ouvert l’appétit et m’ont mis de bonne humeur. De plus, il est agréable d’être à l’écart de l’agitation de la côte.
Nous descendons la pente à toute vitesse.
Je freine car je crains de perdre le contrôle de mon vélo. Je ne fais aucun effort physique, mais suis stressé.
Arrivés dans notre camping 4 étoiles, nous disposons nos bâches entre les vélos et des arbres pour former des petites tentes. Les moustiques pullulent. Le sol est dur et bosselé, et nous entendons les voitures à 100 mètres de nous. Cependant, je suis content de finalement m’allonger sous ma bâche et ma moustiquaire.
À Saint-Sébastien, la détente et le plaisir culinaire
Je me sens fatigué au lever car, même si je ne me suis pas réveillé pendant la nuit, le sommeil n’a pas été aussi réparateur que dans un vrai lit. De plus, je sens que mon dos et mes fesses n’ont pas apprécié les bosses.
Hier soir, j’ai réfléchi à la suite du parcours mais je n’ai pas décidé si j’allais faire le trajet aller-retour de Bordeaux à Saint-Sébastien à vélo. Ce matin, je choisis de revenir en train, comme me l’a proposé mon ami. Nous prenons un billet Saint-Jean-de-Luz – Bordeaux pour demain après-midi. Deux raisons motivent ce choix. D’une part, il risque de pleuvoir dans le Sud-Ouest en fin de semaine. D’autre part, chercher chaque soir un endroit pour dormir est fatigant et prend du temps, et je ne me vois pas continuer à faire cela encore trois fois. Notre objectif est d’arriver dans la ville aujourd’hui en début d’après-midi pour profiter des bars à pintxos et de la plage. Nous ferons le trajet Saint-Sébastien – Saint-Jean-de-Luz à vélo demain. En selle !
La pluie apparaît alors que nous roulons sur une route au milieu de champs et de vastes jardins entourant des maisons isolées. Y a-t-il un seul jour de l’année au Pays Basque où il ne pleut pas ?
De l’herbe épaisse, des arbres au large feuillage et d’immenses fougères forment un décor vert. La pluie s’intensifie mais nous décidons de ne pas encore enfiler nos pantalons imperméables. Nous savons qu’avec eux, nous allons suer encore plus. Dans les montées raides sur une route en mauvais état, je me dis que mon mal de dos est gênant. Je cherche une position sur le vélo qui ne me fasse pas mal, sans y arriver.
Dans une longue descente dans un virage à l’entrée d’Hendaye, je croise deux bikepackers. Leur visage porte la souffrance de grimper une pente sous une pluie battante. Sur une voie partagée avec les piétons, nous longeons l’immense baie d’Hendaye. Je vois des bateaux de pêche et de plaisance et, sur la plage, une personne cherchant des coquillages sous la pluie. J’ai du mal à apprécier l’architecture de la ville. Peut-être que, par beau temps, elle me plairait plus.
Les derniers panneaux de la Vélodyssée nous mènent jusqu’à la frontière, le pont sur la Bidassoa. Le lieu a une apparence banale. Il n’y a pas de policiers, mais la circulation est dense. Après avoir traversé le fleuve, nous faisons une pause à Irun pour manger des biscuits et enfiler nos bas de k-way, même si nos chaussures et nos chaussettes sont déjà trempés.
Nous réfléchissons à la dernière portion du trajet car nous voulons rouler le moins possible sur la 4 voies qui relie Irun à Saint-Sébastien. On m’avait conseillé avant mon départ de me rapprocher de la côte pour emprunter des petites routes. Google Maps indique qu’il faut pour cela tourner à droite à un rond-point à Mendelu, puis rouler pendant 30 minutes jusqu’au sanctuaire de Guadalupe (Guadalupeko Ama Birjinaren Santutegia). Ensuite, nous emprunterons une route moins fréquentée que la 4 voies pour nous rapprocher de notre destination.
Peu après être repartis, nous rejoignons une large route où des voitures rapides nous dépassent. Au rond-point indiqué, nous la quittons. Un chemin pour promeneurs commence. Nous faisons des efforts pour avancer car le sol, couvert de cailloux, n’est pas plat. Après 10 minutes, nous commençons à douter de l’itinéraire conseillé car les vélos ne sont pas autorisés là où nous roulons. La piste monte et devient boueuse. Les vélos traversent les flaques d’eau et nous éclaboussent. La pluie a rendu les chemins de forêt presque impraticables, même pour des personnes à VTT. Nous ne pouvons pas avancer sur nos vélos et posons le pied à terre pour les pousser.
En regardant moins mon téléphone, je comprends que nous n’allons pas dans la bonne direction. Le chemin n’est pas celui recommandé par Google Maps. L’application nous conseille de passer sur une voie qui n’est en fait pas adaptée aux vélos.
Leçon : ne pas suivre tout ce que dit Google Maps.
Au lieu de revenir en arrière, nous continuons tout droit sur le chemin boueux jusqu’à trouver une route pour voiture. Après 20 minutes, nous atteignons le rond-point où nous avons tourné à droite plus tôt. Nous venons de rouler 30 minutes sur des chemins difficiles sous la pluie pour rien !
La 4 voies est la seule option qu’il nous reste. Nous nous lançons sur la bande d’arrêt d’urgence. J’ai du mal à profiter du paysage de montagnes verdoyantes à cause des voitures et de la pluie.
Voyageurs à vélo de Hendaye à Saint-Sébastien : rallonger son trajet pour éviter la 4 voies en vaut la peine !
Nous nous arrêtons pour faire le point sur la situation. Nous décidons de suivre les panneaux qui indiquant Saint-Sébastien avec un symbole de vélo. Problème : ils mènent à la voie rapide. Ce n’est pas vraiment ce que j’appelle une piste cyclable ! Nous continuons à rouler sur la route partagée avec les voitures jusqu’à un grand rond-point. Au lieu de suivre Saint-Sébastien, nous tournons à droite en direction de Lezo. Peu après, dans la petite ville, un piéton nous aborde. Il a dû voir que nous étions en difficulté. Nous écoutons ses explications sur la route à suivre. Cette gentillesse spontanée me surprend et me rappelle que les Espagnols sont souvent chaleureux au premier abord.
La route longe la rade de Pasaia. Ce bassin est propice aux installations portuaires car à l’abri des vagues de l’océan. Les bateaux peuvent la rejoindre en passant par un couloir naturel qui mesure par endroits moins de 100 mètres de large. Je remarque des grues portuaires et assiste au chargement d’un bateau. Ensuite, une longue rue nous amène au centre-ville de Saint-Sébastien.
Nous arrivons à la plage de Zurriola, satisfaits mais fatigués de ce trajet difficile. Nos pieds sont trempés, mais la pluie a cessé. Je vois de nombreuses personnes marcher sur la promenade avec une planche de surf sous le bras. J’ai attendu cette atmosphère de vacances depuis plusieurs jours.
Il est 14h30. Même si c’est presque trop tôt pour déjeuner en Espagne, nous partons à la recherche d’un bar à pintxos. Nous avons l’embarras du choix dans la capitale gastronomique du pays. Dans la vieille ville, il y en a beaucoup. Nous nous asseyons à la terrasse d’un bar sur la place Sarriegi. Nous mangeons de la tortilla, des anguilles et des boules frites remplies d’une sorte de hachis parmentier. Même si les pintxos me plaisent, je trouve l’endroit trop touristique et trop cher.
Ainsi, nous allons à un autre endroit, un bar authentique, plus fréquenté par les locaux que les touristes. J’y étais allé l’année dernière et avais trouvé l’ambiance et la cuisine excellentes. Rien n’a changé chez Bixente taberna. Le gérant, de bonne humeur, prend le temps de nous présenter ses pintxos avec le sourire. La décoration n’est pas recherchée. D’après moi, en Espagne, c’est souvent le signe d’une cuisine de qualité. Nous nous asseyons autour d’une petite table sur le trottoir. J’entends parler deux randonneuses françaises attablées à côté de nous. Elles ont dû trouver l’endroit en cherchant les bars les mieux notés sur Google Maps, comme je l’avais fait l’année dernière. Nous dégustons des pintxos aux légumes frits et fromage, des tartelettes aux cèpes et de la crevette à la julienne de légumes. J’aime cette cuisine sans chichi.
Ensuite, nous déposons nos sacoches à l’hôtel, puis sortons. Sans le lourd chargement, j’ai l’impression que mon vélo vole. Nous arrivons à l’élégante et immense plage de la Concha.
Assis sur ma serviette, j’admire les immeubles du front de mer. J’en remarque plusieurs qui ont des façades blanches. Leur style ancien me plaît. En face de la plage se trouve l’île de Santa Clara, un gros rocher couvert de verdure. Après la journée passée en grande partie sous la pluie, j’apprécie la baignade dans l’eau de l’océan à bonne température.
Le soir, nous retournons chez Bixente. Cette fois-ci, nous choisissons un pintxos au chorizo et un au boudin, mon préféré, avant de poursuivre la soirée à deux pas, au bar Eguzki. Sa décoration est plus soignée que chez Bixente. Accoudé à une fenêtre sur la rue, je remarque que les bars se vident peu à peu. Il semble que, dans le quartier de Gros, tous ferment au plus tard à 23h. Nous décidons donc de retourner dans le quartier touristique de la vieille ville pour découvrir un dernier bar à pintxos.
Dans ma chambre d’hôtel, j’apprécie la douche et le vrai lit. De plus, je n’ai pas à me soucier des moustiques.
Retour en France en suivant un itinéraire génial
Dès 9h, la plage de La Concha est très fréquentée. Les silhouettes se détachent sur le sable brun clair ou sortent de l’eau bleu. J’envie les locaux pour leur privilège de faire une baignade matinale. De plus, sous le soleil éclatant dans un ciel sans nuage, la ville est plus attrayante que lors de notre arrivée.
Pour rejoindre Irun sans passer par la 4 voies, nous prenons le soin de chercher un itinéraire différent d’hier. Nous rejoignons d’abord une piste cyclable symbolisée par un marquage rouge au sol. Elle se situe sur un couloir dédié aux cyclistes, ce qui rend le trajet agréable.
La voie ferrée défile sous mes yeux, à ma droite. Soudain, nous passons devant une petite gare, toujours dans Saint-Sébastien.
Ensuite, nous traversons le parc Arrobitxulo, avant d’atteindre Pasaia. Nous rejoignons une piste cyclable qui longe le fleuve Oiartzun (Oiartzun Ibaia). Les voitures ont disparu. Il n’y a que des arbres et des pelouses.
Nous quittons la piste à Oiartzun pour rejoindre une petite route en direction d’Irun. Elle forme des pentes et passe devant des maisons isolées. Arrivé en haut d’une côte, je prends le temps de profiter de la vue sublime. L’herbe épaisse des prairies et les montagnes en arrière-plan ont différentes nuances de vert.
Tout d’un coup, une descente apparaît. Je passe à une vitesse supérieure et laisse la gravité me faire avancer.
Je voudrais me pencher en avant pour augmenter ma vitesse, mais je ne veux pas perdre le contrôle de mon vélo. Je sens mes muscles se tendre alors que je freine. Soudain, l’accroche d’une de mes sacoches se détache. Je me place sur le bord de la route et refixe le bagage qui a failli tomber. Plus de peur que de mal.
Nous entrons dans une zone urbaine : nous avons rejoint Irun sans passer par la 4 voies ! Cet itinéraire est valable aussi dans l’autre sens, d’Irun à Saint-Sébastien.
Vous voulez empruntez au minimum la voie rapide ? Faites un détour par le sud, en passant par Oiartzun.
Arrivés à Hendaye, nous reprenons la Vélodyssée. Nous nous asseyons sur un banc de la promenade de la plage en regardant passer les touristes devant nous. Sous le soleil, la ville a un plus bel aspect qu’hier, mais je trouve qu’elle n’a pas autant de charme que Biarritz, Bidart et Guéthary.
Ensuite, nous retrouvons la route en mauvais état que nous avons empruntée hier. Dans une longue montée, je dépasse une cycliste d’une soixantaine d’années accompagnée de son mari. En voyant la femme svelte grimper la côte en danseuse, malgré ses deux sacoches de porte-bagage, je ressens de l’admiration. Les deux bikepackers sont partis de La Rochelle et ont roulé sur la Vélodyssée jusqu’à Hendaye. Je me dis que la condition physique est plus une question de pratique que d’âge.
Sur la promenade de la grande plage de Saint-Jean-de-Luz, nous concluons notre voyage par une bière en terrasse. Le ciel se couvre et le vent se lève. Il est l’heure d’aller prendre notre train avant que la pluie ne tombe. Nous avons bien fait de ne pas continuer à vélo.
Avez-vous déjà parcouru une partie de cette véloroute ? Qu’avez-vous aimé ? Qu’est-ce qui était difficile ? Dites-le en commentaires !
La Vélodyssée et l’EuroVelo 1 vous appellent aussi ! Choisissez un point de départ sur le tracé et partez pour une ou plusieurs journées !
Bravo ! Par chance il a fait chaud mais pas de canicule. Je lis que tu dois encore apprivoiser ta nouvelle monture ;-). Le paysage des pins brûlés que tu décris, me donne envie de partager avec toi une photo que j’ai faite qui me rappelle que celle-ci se relève toujours. https://m.facebook.com/photo.php/?photo_id=390438145660871
À bientôt F
Merci ! Je ne peux pas voir ta photo malheureusement, peux-tu me l’envoyer par message ?
Après le voyage, je suis allé chez un kiné pour mon mal de dos et depuis, ça va mieux ! J’adapte ma position sur le vélo. Il serait dommage de se séparer de ce beau gravel !
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Bonjour. J’ai lu votre récit sur recommandation de la newsletter Lery concentré vélo. Connaissant bien le secteur, je vous indique que vous êtes passés à côté de ce qui est probablement le plus joli endroit de la côte basque. À Irun, vous auriez pu aller vers Hondaribia, y apprécier les petits bars à tapas, mais ensuite continuer le long de la côte, pour monter (très raide) sur le Jaizkibel. Fabuleuse vue sur toute la côte basque et plus encore, vers l’Ouest. Cheminer en haut de cette superbe montagne, pour ensuite descendre (très raide également) vers Donibane Pasaia (dont je recommande les vieilles rues médiévales qui contrastent avec le port industriel pourtant si proche).
Bonjour Olivier, merci pour ce partage. Lors de ma traversée de la frontière, le temps pluvieux n’était pas très propice à un détour le long de la côte ! On m’a dit récemment beaucoup de bien de Pasaia, et votre témoignage confirme que le lieu vaut le détour. Je le note pour une prochaine fois !