
Un dimanche après-midi de septembre, je décide de passer du temps dehors à Bordeaux pour profiter du soleil et de la température idéale. L’architecture des bâtiments des XVIII et XIXe siècles ainsi que les rues animées de la ville me plaisent.
Un guide de choix dans un bâtiment officiel élégant
Lorsque j’arrive à vélo dans les rues commerçantes du centre-ville, le brouhaha de la masse compacte des nombreux piétons me dérange. Mon regard cherche une terrasse calme pour prendre un verre mais je trouve les rues trop densément fréquentées pour m’y asseoir.
Pourquoi ne pas aller dans le quartier Saint-Michel ? L’endroit est animé tout en étant moins dense que les rues de l’hyper-centre. Par ailleurs, je m’y plais car l’endroit est multiculturel et animé. Des populations d’origine étrangère, notamment arabe, y vivent. Lorsque j’atteins Saint-Michel, je perçois des senteurs d’épices et de sucre venant des pâtisseries et des épiceries arabes ou turques. Je passe devant plusieurs boucheries dont les vitrines alléchantes m’attirent.
Sur la place Saint-Michel, le cœur vivant du quartier, je suis frappé par le grand nombre de tables et de chaises sur les terrasses. Les cafés et restaurants occupent une part importante de la place et, en ce dimanche après-midi ensoleillé, leurs terrasses sont appréciées. Je vois, dans la rue plus calme menant au marché des Capucins, une terrasse où se trouvent plusieurs tables libres. Je m’assois et, depuis cette place, je regarde les passants marcher dans la rue. J’aime me demander qui ils sont et où ils vont. Le soleil illumine la place et l’autre côté de la rue où je me trouve. Ce cadre et l’air chaud me donnent envie de rester assis pour siroter mon verre de coca et lire un livre. Cependant, en parcourant mon téléphone, je me rappelle que les Journées Européennes du Patrimoine ont lieu ce week-end.
Les Journées Européennes du Patrimoine, qu’est-ce que c’est ?
Chaque année pendant le troisième week-end de septembre, des musées ainsi que des sites et monuments d’habitude fermés au public peuvent se visiter gratuitement. L’objectif de cet événement est de rendre le patrimoine culturel accessible au plus grand nombre.
Visiter un lieu que je ne connais pas me plairait car je suis curieux, surtout lorsqu’il s’agit d’endroits historiques. De plus, ce serait un moyen de me balader dans les rues de Bordeaux et profiter du soleil. Cependant, je n’ai aucun lieu en tête. Je retourne donc dans le quartier de l’hôtel de ville où se trouvent de nombreux vieux bâtiments. Peut-être que certains seront encore ouverts à la visite. Après avoir traversé l’esplanade de la cathédrale, je vois dans la rue Vital Carles des gens faire la queue sur un trottoir devant un grand bâtiment. Ce dernier m’intrigue car, bien que je passe souvent devant à vélo, je ne connais pas sa fonction. Le drapeau français qui flotte sur le toit me laisse penser qu’il s’agit d’un bâtiment officiel. Je décide de le visiter.
J’attends dans la cour intérieure avant de rentrer et j’apprends que l’édifice est l’Hôtel du Quartier Général, où se trouve le commandement des forces de défense dans la région Sud-Ouest. Je suis le groupe de visiteurs qui s’engouffre dans l’entrée du bâtiment où un guide accueille les visiteurs. Dedans, j’admire la décoration luxueuse et soignée. J’aime le style ancien et élégant des lieux, notamment les moulures sur les hauts plafonds et les lustres imposants. Je me sens plus dans un musée que dans un lieu de commandement militaire !

J’apprends qu’un événement historique s’est déroulé dans ce bâtiment.
La rencontre de Gaulle – Raynaud
Charles de Gaulle décide, en juin 1940, alors que le gouvernement français est installé à Bordeaux, de poursuivre le combat. Dans le bureau où je me trouve, il rencontre le président du conseil Paul Reynaud qui lui annonce vouloir démissionner. Face à cette information, le général lui dit qu’il va continuer à se battre contre les Allemands et s’envole vers Londres peu après.
En écoutant ce récit historique, je me dis que l’endroit a été témoin d’un événement clé de l’Histoire de France. Je regarde le bureau élégant et j’imagine la rencontre entre Reynaud, derrière le bureau, et de Gaulle, assis sur un siège en face de lui.
Dans la pièce, un homme en uniforme blanc, petit et chauve, se tient droit face au groupe de visiteurs. Je vois 4 étoiles dorées sur ses épaulettes. Ce détail me laisse penser que l’homme est un général 4 étoiles. Puis, je me dis qu’il est peu probable qu’un des plus hauts gradés de l’armée française accueille les visiteurs lors des Journées du Patrimoine. Il se présente d’une voix posée en disant qu’il est le général commandant les forces de défense dans la région. Cela veut dire qu’il est le général 4 étoiles qui travaille à l’Hôtel du Quartier Général. Il explique aux visiteurs son métier, raconte son parcours et parle des activités des forces de défense dans la région. Je trouve important de s’informer sur le rôle et les actions de l’armée que je connais mal. Par exemple, j’apprends que les militaires qu’il commande ont récemment participé à la lutte contre les feux de forêt en Gironde. Par ailleurs, je suis reconnaissant envers lui car il prend le temps de rencontrer le public. Je me dis que son métier et son engagement le passionnent car il en parle avec le sourire. Le général dirige aussi toutes les forces aériennes françaises, ce qui le rend encore plus impressionnant à mes yeux. En le voyant si accessible, il est difficile de s’imaginer au premier abord qu’il ait de si grandes responsabilités.
Ensuite, je me rends dans les pièces suivantes où se trouve une exposition de tableaux de peintres aux armées sur les militaires français blessés en opération. Tout comme le général, le guide bénévole semble heureux de partager ses connaissances. Il donne quelques explications sur chaque tableau. Sur l’un d’eux, je vois la signature ‘de Gorostarzu’. Je me rappelle avoir lu ce nom dans un livre autobiographique d’Hélie de Saint Marc, un résistant de la deuxième guerre mondiale. Un prêtre résistant nommé de Gorostarzu avait recruté le jeune Hélie de Saint Marc, alors élève dans un lycée bordelais. Au vu du style moderne du tableau, je me dis que le peintre fait partie de la même famille que le prêtre, mais d’une génération plus jeune. Justement, les sujets de l’armée et de la guerre m’intéressent. Sans doute parce que plusieurs récits de guerre, comme À l’Ouest, rien de nouveau d’Erich Maria Remarque, ou L’Équipage de Joseph Kessel, font partie de mes livres préférés. Cependant, j’en lis mois car je trouve ces histoires souvent tristes.
Je sors dans la cour extérieure à l’arrière du bâtiment. J’y vois, assis sur des chaises, un quintet de musiciens en uniforme de l’orchestre des forces aériennes. Bien que je n’aime pas particulièrement la musique classique, c’est avec plaisir que je les entends jouer quelques morceaux. Ce petit concert, organisé pour les visiteurs de l’Hôtel du Quartier Général, est une façon originale de terminer la visite.
La visite du plus ancien monument de Bordeaux
L’après-midi n’est pas fini et je veux découvrir un autre site. Ainsi, je cherche sur mon portable un lieu encore ouvert au public et trouve le Palais Gallien, un amphithéâtre de l’époque gallo-romaine. Avec enthousiasme, je remonte à vélo pour aller visiter ce monument que je ne connais pas.

Lorsque j’arrive, je suis immédiatement surpris par l’aspect champêtre du lieu, bien qu’il soit situé en ville. Je vois plusieurs grands platanes qui camouflent l’entrée du site. Dedans, je découvre les ruines qui se dressent sur l’herbe mal entretenue. De plus, je n’entends presque que le gazouillis des oiseaux qui volent au milieu des ruines et les quelques paroles échangées par les visiteurs. J’observe les murs pour comprendre à quoi l’amphithéâtre ressemblait à l’origine, mais j’ai du mal à dire où se trouvaient les gradins et l’arène. En remarquant le bon état des murs restants, je me demande si ces ruines datent de l’époque romaine ou si elles sont plus récentes.
Sans que je ne l’aie entendu arriver, une jeune femme se présente aux visiteurs et annonce qu’elle propose une visite guidée. Je suis reconnaissant car elle partage ses connaissances sans que j’ai eu à organiser la visite. J’apprends que les murs sont d’origine. Le Palais Gallien, construit au IIe siècle après Jésus-Christ, est donc le vestige le plus ancien de Bordeaux. En voyant devant moi l’édifice en pierres, je suis bouleversé à l’idée qu’il ait traversé près de 20 siècles d’histoire. L’amphithéâtre pouvait accueillir 20.000 spectateurs. Aujourd’hui, il est difficile de s’imaginer un public aussi nombreux à cet endroit. La guide explique que les combats de gladiateurs qui se déroulaient ici n’allaient pas jusqu’à la mort, alors que je m’étais imaginé des combats mortels similaires à ceux du film Gladiator. Après avoir applaudi la guide pour ses explications divertissantes, j’observe pendant quelques minutes les vestiges tout en me promenant sur le petit pré.

Je retrouve mon vélo sous le soleil bas de la fin de l’après-midi. Je suis satisfait d’avoir vu des sites du patrimoine culturel bordelais. Grâce aux personnes passionnées qui animent les visites, j’ai appris dans la bonne humeur.
Quels lieux avez-vous déjà visités lors des Journées Européennes du Patrimoine ? Lequel est votre préféré ?
Dites-le moi en commentaires !