Sithonie : quand la montagne rencontre la mer

La péninsule grecque de Sithonie est un terrain d'aventures idéal pour les cyclotouristes.
Vélo à Sithonie : le mont Athos depuis Sarti, Grèce

La Chalcidique est une région côtière du nord de la Grèce, située à proximité de Thessalonique. Elle a la forme d’un trident composé de 3 péninsules : Kassandra, Sithonie (Sithonia en Grec) et mont Athos.

J’ai parcouru la seconde à vélo, le temps d’un court week-end. Voici ce qui m’a marqué pendant cette aventure.


De la ville à la nature

Samedi à midi, je quitte mon logement à Thessalonique et monte sur mon vélo. Passé le centre-ville, je me retrouve sur une voie rapide qui me fait penser à la rocade de Bordeaux. Les voitures pourraient me heurter, ce qui me force à m’arrêter et à chercher sur Google Maps un itinéraire pour piétons. Celui-ci passe par des petites rues peu fréquentées.

À la gare routière Ktel Chalkidikis, le chauffeur de bus me dit qu’il n’est pas nécessaire d’enlever ma roue. L’homme sympathique m’aide à porter mes sacoches dans la soute. Les conducteurs doivent être plus détendus en cette saison creuse, novembre, que pendant les mois d’été.

Après une grosse heure de trajet, je sors à Nikiti, une petite ville du nord de Sithonie. Etant donné que nous sommes en novembre, il va faire nuit dans moins de 3 heures. Je me dépêche à aller faire des courses pour le pique-nique de ce soir.

Dans le bus, j’ai lu sur un blog de voyage en français le récit d’une aventure à vélo d’un couple en Chalcidique. Ils ont fait un tour complet de la péninsule du milieu, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Mon objectif est de faire la même chose, mais dans l’autre sens. Si je n’ai pas le temps de rejoindre Nikiti avant lundi, je finirai mon trajet en bus.

Carte itinéraire à vélo Sithonie Grèce

Plages désertes, pistes de gravel et oliviers

Leur itinéraire longe la côte en évitant la route principale. Sous un soleil intense, les trésors de Sithonie se dévoilent. Les plages de sable font face à l’immense étendue d’eau calme qui forme une surface plissée. Au fond de la mer, je distingue les rochers et au loin, la silhouette de la péninsule à l’ouest, Kassandra.

Soudain, je vois une voiture garée au bord de la petite route. En avançant, je remarque une personne, sûrement le conducteur, assise sur des rochers. Cet homme ou cette femme est seul, immobile, face à la mer. Il doit s’agir d’un Grec qui s’échappe de l’agitation de Thessalonique pour le week-end.

Il y a plusieurs endroits au bord de la route qui pourraient accueillir ma tente. Cependant, mon objectif est de dormir sur une plage puisque d’après mon guide de voyage, les plages de Sithonie sont parmi les plus belles de Grèce. Par ailleurs, même si le camping sauvage est interdit, il ne doit pas y avoir de risque à bivouaquer ici.

À quelques dizaines de mètres de la route, le site idéal apparaît. Une plage de sable se trouve non loin de maisons, dans une zone calme. Je pose mon vélo et me mets en maillot.

Vélo en Chalcidique plage de Sithonie, Grèce

Dès que mon corps entre dans l’eau froide, mes pensées s’évaporent. Il n’y a aucun bruit, à part celui d’un bateau de pêche qui longe la côte. Après ce bain apaisant, je vais me réchauffer sur un rocher exposé au soleil.

Avant que celui-ci ne se couche, j’installe ma tente à l’extrémité de la plage pour la protéger du vent. Ensuite, allongé à l’intérieur, j’entends des aboiements de chien, qui viennent d’un jardin. Le bruit est fort et agressif. De temps en temps, il s’arrête, puis reprend quelques instants après. Que veulent exprimer les chiens qui aboient lorsqu’il n’y a aucun humain ni animal dans les parages ?

Je m’endors et me réveille 1h plus tard. C’est l’heure de dîner. Ce soir, ce sera fromage, pain et bananes. Tout en mangeant, je passe un appel à ma famille.

C’est la première fois que je dors sur une plage.

Le matin, les magnifiques couleurs créées par le soleil levant se reflètent dans la mer. Un cadre magique pour un petit-déjeuner. Le bruit de l’eau qui boue dans le réchaud rompt le silence. Je lève le camp au moment où il fait jour depuis peu. Timing parfait !

Décidément, faire du vélo le matin dans la nature est génial. J’avance au plus près de la côte, sur un chemin de terre. Lorsque celui-ci s’arrête, il faut revenir vers la route principale. À ce moment-là, celle-ci commence à monter puis à descendre.

Des groupes de 2 ou 3 hommes manœuvrent autour des oliviers. Je remarque une bâche étendue autour de l’arbre. Un des travailleurs fait tomber les fruits à l’aide d’un outil à long manche. Dans ce pays, un olivier semble toujours en vue, peu importe où on se trouve.

Puis, le chemin qu’avait emprunté le couple de cyclistes réapparaît. Je suis ravi de me rapprocher de la mer. Les petites plages de sable sont désertes et balayées par le vent. Sur une d’elles, il y a un van immobile et une planche de surf étendue à côté. Le véhicule a une immatriculation allemande et la planche de surf est en fait un stand-up paddle. Au vu de la hauteur des vagues, c’est logique.

Une atmosphère de liberté se dégage. Il semble possible de dormir où on veut, sur n’importe quelle plage, et de profiter de la nature que l’Homme laisse s’exprimer.

Le chemin emprunté par le couple de cyclistes sur Komoot est difficile à trouver. Au milieu de champs d’oliviers, après avoir chercher un passage dans la végétation dense, je fais demi-tour pour reprendre la route principale.

Vélo en Chalcidique Grèce route en montée sur Sithonie

Une péninsule endormie

Sur le front de mer de Torone, je décide de faire une pause dans un café ouvert. Le village est en hibernation : “Ce n’est pas bien en ce moment, c’est très calme”, se plaint le gérant.

2 km plus loin, j’atteins Porto Koufo, un village protégé par une magnifique baie. Il y a un restaurant de poissons que mon guide recommande, mais le gérant me dit qu’il est fermé depuis hier, pour l’hiver. L’homme jovial me recommande un établissement, un peu plus loin dans la baie. Dans celui-ci, il n’y a personne et des chaises sont empilées. Tant pis, le déjeuner sera pour plus tard.

Les yeux sur Komoot, j’emprunte un chemin de terre qui s’enfonce dans les paysages vallonnés. Les auteurs du blog l’ont pris pour rejoindre cap Sithonia, à l’extrémité de la péninsule. Ils s’y sont même arrêtés plusieurs jours, sur une plage offrant une vue magnifique.

Sur la piste de gravel, je m’arrête et dois pousser mon vélo à la main. La végétation qui m’entoure me plaît : arbustes, garrigue, oliviers et pins. Cependant, la présence de petits déchets plastiques fait mal aux yeux. Ce n’est pas la première fois en Grèce que je vois des emballages dans la nature. Cela me laisse perplexe et m’énerve.

Après avoir progressé sans voir la côte, je décide de rebrousser chemin. Continuer me prendrait trop de temps et j’arriverais à Sarti, le village où je veux dormir ce soir, après le coucher du soleil. Un avantage de faire du vélo en Chalcidique en été est qu’on peut rouler pendant plus longtemps. En revanche, en juillet et en août, la chaleur doit être insupportable.

Je prendrai un bus demain matin tôt pour rejoindre Nikiti, pour y travailler à distance, dans un café.

Après avoir pris mon déjeuner, je me dépêche pour redescendre la pente en sens inverse. Ensuite, l’itinéraire passe sur une piste de gravel.

Celle-ci monte de façon abrupte : je dois descendre et pousser ma monture. Je reprends mon souffle, puis pousse sur mes jambes en me penchant vers l’avant. Avec ses 2 sacoches accrochées au porte-bagage, le vélo me fait penser à une mule trop chargée. Pause pour reprendre des forces, tout en maintenant mes mains sur le guidon et mes doigts sur les freins pour éviter que le vélo dévale la pente.

Après avoir répété cette opération plusieurs fois, j’aperçois la fin de la montée. Elle mène jusqu’à une route pour voitures, qui monte en ligne droite. Un camping-car me dépasse. Les occupants installés confortablement doivent me plaindre.

Soudain, je vois le beau mont Athos. Impossible de se tromper, ce ne peut être que lui. Il se dresse tout au bout de la bande de terre qui se dessine au loin. Le fait que cette péninsule soit le lieu le plus sacré de l’Église orthodoxe grecque lui donne de l’importance. De plus, quand je pense qu’il est interdit d’y aller autrement qu’en bateau et que les lieux n’ont presque pas changé depuis des siècles, je me dis que ce site est mystérieux. Que se passe-t-il là-bas ?

Route de montagne avec vue sur le mont Athos, Sithonie, Grèce

La route en lacets monte puis descend au milieu de paysages verdoyants et secs.

Mon portable n’a presque plus de batterie, mais Google Maps indique que plusieurs établissements sont ouverts dans le prochain village, Kalamitsi. Là, je longe la plage balayée par le vent à la recherche d’un café ou d’un restaurant. Ils sont tous fermés. On dirait qu’une dizaine de personnes vivent ici. 2 personnes me disent qu’il y a un café ouvert au prochain village, si je les comprends bien.

À nouveau sur la route principale, je remarque des panneaux en bois colorés qui annoncent un bar de plage. Ils me mènent jusqu’à une route secondaire. Il est difficile de savoir si le bar est ouvert, mais il faut tenter. Le paysage change : la végétation verdoyante est remplacée par de la terre et de la rocaille. On se croirait dans le désert, dans un film de Sergio Leone.

Dans une descente, je tombe sur un groupe de chiens couchés au milieu de la route. Dès qu’ils me voient, ils aboient et courent vers moi. Je fais demi-tour et force sur mes cuisses. Un d’eux me poursuit puis s’arrête quelques mètres plus loin. Cette frayeur soudaine me dissuade de continuer sur le chemin du supposé bar.

J’arrive enfin au village sur la côte, Paralia, où il doit bien y avoir un lieu ouvert. Mais sur l’avenue qui longe la plage, toujours aucun établissement. Les vagues et le vent cassent le silence et, de temps en temps, une voiture passe. Ces villages fantômes rendent le trajet triste.

Ma batterie et mes bidons d’eau presque vides m’inquiètent. C’est parti pour une exploration de la petite localité. Un chemin mène vers des maisons d’hôtes où quelqu’un pourra peut-être m’aider. Soudain, je vois un robinet d’eau dans un jardin, puis une prise sur un des mobiles homes. Génial !

Des chaussures sont posées sur le paillasson. Ce sont sûrement des touristes qui veulent profiter de la saison basse. Je frappe à la porte : pas de réponse. Après avoir branché mon portable, je vais me promener sur la plage. Une fois ma batterie à moitié chargée et mes bidons remplis, je me remets en route, en contournant la rue principale pour éviter un autre groupe de chiens. À 16h, me voilà à Sarti, sur la côte est de Sithonie, après avoir roulé pendant environ 80 km depuis hier.

Montagne et mer à Sithonie, Grèce

Chambre avec vue sur le mont Athos

À l’entrée du village, des jeunes jouent au football sur un terrain synthétique. Peu après, la plage, très étendue, est en vue. Les vagues sont plus grosses que dans les autres localités car le site est moins abrité du vent.

Je dîne sur un banc du front de mer, dont tous les beach bars sont fermés. Leur terrasse protégée offre une protection contre le vent. Il vaut mieux dormir ici que sur le sable. De toute façon, il y a peu de risque d’être dérangé par les locaux.

Une fois ma tente installée sur une des terrasses, à côté d’un muret en pierre, je m’allonge. Il y a des lumières dans la rue derrière le front de mer. J’entends des discussions d’hommes entrecoupées de cris de joie. Ils doivent regarder un match de football à la télé d’un restaurant-bar. J’ai choisi l’emplacement à proximité du seul établissement animé de la ville !

Dans ces conditions, un déménagement s’impose. Le mieux est d’aller au bord de l’eau, à l’extrémité de la plage : le bruit des vagues et la lumière des étoiles sont préférables aux sons des locaux et à l’éclairage public. Quelques rochers protègent mon habitation. À l’intérieur, je n’ai pas froid, mais la toile s’agite au rythme des rafales de vent.

Plage de Sarti vue sur le mont Athos, Sithonie, Grèce

5h40 : mon réveil sonne. En sortant, je découvre le ciel orange et rouge qui forme un décor sublime au mont Athos. Leurs couleurs se réfléchissent dans la mer, dont l’écume se jette à mes pieds. Après avoir pris un petit-déjeuner devant ce spectacle, je remonte ma tente puis fixe mes sacoches sur mon vélo. Le bus va bientôt passer.

Ce que j’ai vu de la péninsule m’a suffi pour me donner envie d’y retourner en prenant plus le temps de profiter des plages et des paysages vallonnés. Une des raisons est que la nature n’est pas envahie par les installations humaines.

Vous êtes déjà allé à Sithonie ? Dites-moi en commentaires ce que vous en avez pensé !


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